Il déserta de sa caserne du GIS à la fin de l'année 1993, et ses raisons étaient plus que justifiées; Smain Lamari voulait à tout prix sa peau comme il avait eu celle d'un autre sous-officier quelques mois auparavant, pour la simple raison que Kamal Aidoun avait faillit à sa mission à Annaba. Sa mission était claire et les ordres qu'il avait reçus une semaine avant le drame venaient directement de Smain Lamari qui lui avait dit: “suite à des soupçons qui entourent la loyauté de Boumaarafi, tu as carte blanche pour le liquider à la moindre faute”. Sans trop savoir pourquoi Kamel Aidoun était trouvé mal à l'aise après avoir eu ces instructions et ce n'est qu'après l'assassinat de Boudiaf qu'il comprit; mais le plus grave pour lui était qu'il n'avait pas obéi à Smain. Pour plus de sécurité, un autre sous-officier avait été chargé de la même mission, mais cet élément “Algérois d'origine” avait mis son frère dans la confidence quelques jours après le meurtre du président en lui disant : “je comprends maintenant pourquoi le vieux loup (qualificatif de Smain au sein du service) m'a demandé de descendre Boumaarafi à Annaba''. Ce sous-officier fut arrêté par le commandant du centre ANTAR (à l'époque : le commandant Farid) et torturé pour un lien fictif avec un groupe terroriste, et son frère un peu plus tard connut le même sort, mais le secret était déjà divulgué. C'était pourquoi Kamel Aidoun avait déserté après avoir confirmé à des proches qu'il avait reçu les mêmes ordres, mais ne pouvait tuer un collègue. L'échappée de Kamel fut de courte durée et Smain mobilisa toutes les forces opérationnelles pour retrouver ce spécialiste des explosifs qui avait tourné la veste. Kamel fut abattu par des éléments de l'intervention de la police nationale et son arme (Beretta 92F) fut reversée au GIS chargeur plein. Boumaarafi avait raison de se méfier de Smain, et c'est la raison pour laquelle il s'était rendu à la police plutôt qu'à ses collègues. Le bilan de l'opération Boudiaf fut lourd en vies humaines : plus d'une vingtaine de personnes au total furent liquidées suite aux ordres de Smain ou Toufik pour protéger le grand secret, sans oublier l'assassinat de Kasdi Merbah qui avait décidé de rendre publique les raisons de l'assassinat de Boudiaf. Même Zeroual (alors ministre de la Défense) n'avait pas réussi à le calmer et à le persuader de rendre les dossiers qu'il avait en sa possession et ce deux semaines avant sa liquidation. Le chef du bureau sécurité à l'ambassade d'Algérie en Suisse (le commandant Samir) récupéra les dossiers en question rendus à la DRS par un parent du défunt Merbah. Il va sans dire que le massacre de Serkadji (qui avait coûté la vie à près de deux cents personnes) en février 1995 était directement lié à la volonté d'étouffer l'une des dernières preuves de l'implication flagrante de Nezar, Belkheir, Toufik et Smain dans le meurtre d'un des symboles de la révolution. Condamné en juin 1995 à la peine capitale Lembarek Boumaarafi est actuellement incarcéré à la prison militaire de Blida. L'exécution de sa peine est suspendue pour le moment. Nous présentons nos condoléances aux familles de toutes les victimes de cette affaire qui reste une des plus noires que le service ait jamais connue. Pendant ce temps, les vrais commanditaires du meurtre de Boudiaf (Khaled Nezar, Larbi Belkheir, Mohamed Mediene, Smain Lamari et Mohamed Lamari par la suite) continuent d'assassiner tout un peuple.