Apprendre une langue étrangère à son enfant est un souci partagé par plusieurs parents. Entre ceux qui préfèrent se limiter à la langue maternelle et ceux qui désirent inculquer à leurs enfants une ou deux langues étrangères, les points de vue divergent. Les spécialistes en la matière, eux, s'accordent à dire que l'apprentissage des langues commence à un âge précoce (voir entretien ci-contre). Selon le docteur Bouchaïb Karoumi, l'enfant dispose de tous les moyens pour faire la différence sans confusion entre sa langue maternelle et les autres langues acquises par la suite. Le même son de cloche est relevé chez le docteur Mohamed Amine Benjelloun, pédopsychiatre à Casablanca, qui cite Noam Chomsky.Ce linguiste américain estime que «les enfants sont programmés pour apprendre les langues». Plusieurs critères permettent de faire la distinction entre celles-ci. A commencer par la divergence des sons entre les langues maternelle et étrangère. C'est en retenant ces sons que l'enfant peut les répéter incessamment et être spontanément imprégné de cette dernière langue. Pour réussir cet apprentissage, l'enfant peut «jouer avec une langue, la découvrir dans le plaisir à travers les chansons, la poésie, la musique, etc», explique Dr Benjelloun. Dans ce sens, les parents sont censés contribuer à ce processus en proposant à leurs enfants des activités ludiques à caractère instructif. Cette initiative donnera, certes, à l'enfant l'envie de découvrir la langue étrangère. Aussi la communication est-elle un bon moyen pour consolider les compétences acquises et se familiariser aux règles de la langue étrangère. Dans ce cadre, l'expérience d'un père prouve bien l'importance de la communication dans l'apprentissage d'une langue étrangère. «Je ne parle à mon fils qu'en français. Au fil du temps, le français est devenu une langue courante pour lui. Et même si certains membres de la famille lui parlent en arabe dialectal, il n'éprouve aucune difficulté à comprendre ce qu'ils lui disent», révèle-t-il. En effet, et comme l'a souligné Dr Karoumi, «l'enfant ne fait pas de confusion. Comme il dispose de tous les moyens pour se positionner par rapport aux divers langues qui l'entourent». De surcroît, un enfant est susceptible de développer ses capacités linguistiques s'il s'initie à une langue étrangère dès un bas âge. Parallèlement, l'apprentissage de celle-ci permet de s'ouvrir et de découvrir différentes cultures et d'exploiter les connaissances acquises dans les productions écrites. D'autant plus que la lecture demeure un bon moyen pour donner un bon coup d'accélérateur à cet apprentissage. Outre le plaisir que procure la lecture, l'enfant peut varier et réussir le choix de ses sources d'apprentissage pour maîtriser une nouvelle langue. Revers de médaille. Certains pédopsychiatres estiment qu'il faudrait commencer par l'apprentissage de sa langue maternelle (arabe dialectal, berbère, rifain ou tachelhit) avant de se pencher sur une autre. C'est ce que révèle Dr Mohamed Amine Benjelloun. Par contre, «il est malheureux que ces langues maternelles ne soient pas utilisérs comme des langues d'apprentissage. D'ailleurs, ce serait l'une des causes de l'échec scolaire. Alors pourquoi ne pas faire de la darija une langue dans l'école. D'autant plus qu'il faudrait instituer une politique dédiée aux langues», martèle le pédopsychiatre.