Plus de 3.000 participants étaient attendus pour le grand défilé prévu dans les rues de Milan au cours de l'après-midi du samedi 26 juin. C'est ce qu'a annoncé le Registre Italien Alfa Romeo (RIAR) chargé d'organiser «le plus grand rassemblement Alfa jamais réalisé». Normal, car ce n'est pas tous les jours que l'on fête le centenaire d'une marque, prestigieuse de surcroît. Des Alfistes du monde entier, membres de club ou simples passionnés, ont donc paradé samedi dernier dans les artères milanaises au volant de plusieurs Alfa d'antan. Des modèles d'exception, à l'image de la 8C de 1931 et de la Giulietta Spider des années 50, qui se sont élancés depuis le centre-ville, formant une file ininterrompue de véhicules de la marque. S'en est suivie l'inauguration d'une sublime sculpture offerte par le RIAR et s'inspirant de la célèbre Disco Volante. Une véritable œuvre d'art qui a pris place à la Foire de Milan. En fait, l'anniversaire d'Alfa s'est déployé sur quatre jours (du 24 au 27 juin) avec un programme varié pour les participants. Essais sur le circuit de Monza, près de Milan, visites du Museo Storico Alfa Romeo (musée historirque), lequel est resté ouvert en nocturne (les 24 et 25 juin) ou encore, exposition de modèles au parc des expositions Novegro. Le plus édifiant dans tout cet événement, c'est qu'il a été organisé par l'association RIAR qui rassemble tous les clubs et passionnés de la marque et non pas par le Groupe Fiat qui y a seulement participé. C'est dire combien la marque au trèfle compte d'afficionados… Prestigieuse, Alfa l'est autant par son passé, truffé de succès en compétition et chargé de modèles aussi emblématiques les uns que les autres, que par l'orientation résolument haut de gamme de ses voitures actuelles. Fondée le 24 juin 1910, l'Anonima Lombarda Fabbrica Automobili a été créée à l'initiative d'un groupe d'investisseurs ayant acheté l'usine italienne du constructeur français Darracq (mise en faillite en 1909). Le premier modèle sera l'Alfa 24 HP et connaîtra un joli succès. Mais les affres de la Première Guerre mondiale vont vite pousser la société vers la menace d'une faillite. Un homme, un ingénieur napolitain qui avait acquis de nombreuses parts de l'entreprise, va sauver Alfa en la rachetant. Son nom : Nicola Romeo. C'est ainsi que la marque sera rebaptisée Alfa Romeo et orientée vers un credo bien précis : le sport. De la Formule 1, aux éditions des Mille Miglia en passant par d'autres courses aussi célèbres que la Targa Florio ou la Super Cortemaggiore, des pilotes mythiques comme Fangio ou Tazio Nuvolari ont permis à la marque de se construire un palmarès d'exception en compétition. D'où son slogan «Cuore Sportivo» (cœur sportif), toujours actuel, même si la marque s'est définitivement retirée du sport automobile. Si bien qu'il est difficile et même impossible de narrer l'histoire d'Alfa en quelques lignes. Ceci étant, la saga Alfa peut être résumée en trois épopées. Des années 30 brillantissimes sur les circuits. Des Fifties et Sixties marquées par l'excellence et l'originalité des Alfa, comme symbole de la Dolce Vita, notamment aux yeux des Américains, ainsi que dans les productions hollywoodiennes. Puis, des hauts et des bas sur le plan industriel durant les années 70, 80 et 90. Cette dernière décennie, la plus dure, évolua vers une asphyxie financière qui s'est poursuivie jusqu'en 1997 et menait droit la marque au Biscione au dépôt de bilan… s'il n'y avait pas eut la 156. Mais bien sûr ! Cette berline a non seulement sauvé Alfa, mais a démontré qu'elle avait encore tous ses talents de motoristes. Faut-il le rappeler, ce sont les ingénieurs d'Alfa qui ont mis au point le premier turbo diesel par rampe commune, avant de céder le brevet de ce système (le common rail) à l'équipementier Bosch. Aujourd'hui, c'est la Giullietta qui fait souffler un vent de renouveau sur cette marque désormais centenaire, avec autant de charisme et d'authenticité qu'avaient les Alfa Romeo d'antan.