«C'était quelqu'un d'extraordinaire avec des qualités énormes. Il a toujours été là pour faire avancer les choses». Tels sont les premiers mots que Houda Squalli lâche, d'une petite voix, au téléphone. Contactée par ALM, la directrice marketing et communication d'Auto Nejma est, comme le reste de ses collègues, bouleversée par le décès de Zakaria Hakam, survenu dans la nuit du vendredi au samedi. Et dès les premières heures de la matinée du samedi, la triste nouvelle a commencé à se propager. Parfaitement en bonne santé et sans avoir eu de malaise, de symptômes apparents ou de signes avant-coureurs d'une quelconque maladie, Zakaria Hakam a quitté ce monde à l'âge de cinquante ans. Victime d'un arrêt cardiaque, comme l'ont affirmé ses proches, cet homme laisse derrière lui une entreprise en très bonne santé. Normal, c'est lui qui l'a restructurée, renforcée et préparée aux nouvelles donnes de l'économie nationale. Pour cela, il avait la carrure et le nom, mais aussi le potentiel intellectuel et le savoir-faire nécessaires à sa mission. Dans une note d'information du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM), relative à l'introduction en Bourse de la société Auto Nejma (en mai 1999), on peut notamment lire une bio-express du défunt. «Zakaria Hakam est titulaire d'un Bachelor Degree en management et organisation de l'Université de Miami-Florida (USA), ainsi que d'un MBA de la Drexel University-Philadelphia (USA). Il entame alors sa carrière professionnelle à la Chase Manhattan Bank à New-York en tant que Credit Analyst de 1985 à 1986. Dès1986, il intègre Auto Nejma en qualité de directeur financier, fonction qu'il assumera jusqu'en 1990. C'est à cette date qu'il devient directeur général de la société». Mais son travail de fond, il l'avait entamé dès le départ (en 1986). À l'époque, Auto Nejma était une petite structure, étiquetée plus comme une traditionnelle entreprise familiale. Ayant le feu vert de (Feu) son père, Haj Mohamed Hakam, Zakaria va multiplier les grandes décisions. Il rajeunit le personnel et recrute tout un staff dirigeant des plus compétents. Il adopte également une politique de diversification des marques, en signant des accords avec les coréens Daewoo et SangYong. C'est aussi sous sa houlette qu'Auto Nejma va démarrer le montage des camions et poids lourds Mercedes et ce, à partir de 2000. Mais encore, il engage la société dans l'importation et la distribution de chariots élévateurs, ainsi que dans le secteur de l'entretien automobile et ses composants (pneumatiques, batteries, etc.) à travers l'introduction de la franchise Midas. En 2006 et dans le même ordre d'idées, Zakaria flaire le booming de l'industrie automobile chinoise. Il ajoute alors au portefeuille des marques d'Auto Nejma, la carte Faw, soit l'un des spécialiste du véhicule utilitaire dans l'Empire du Milieu. Grand stratège, fin négociateur, visionnaire… il était un peu tout cela à la fois. Bref, c'est grâce à lui qu'Auto Nejma a vraiment réussi à relever les défis du secteur automobile tel qu'il est aujourd'hui. C'est-à-dire un marché national ultra concurrentiel et particulièrement haut de gamme. Faut-il le rappeler : voilà plusieurs décennies qu'Auto Nejma entretient, via sa principale marque Mercedes, le leadership du marché de l'automobile haut de gamme au Maroc. Autre chose que Monsieur Tout-le-Monde ne sait pas, c'est que la famille Hakam entretient avec Mercedes des liens historiquement très étroits. En étant son représentant exclusif au Maroc depuis 1963, il en est l'un des plus anciens importateurs dans le monde ! Enfin et c'est l'autre visage (souriant) qu'on retiendra de cet homme, Zakaria Hakam était un fervent passionné des sports équestres et avait même sa propre écurie. Et pas plus tard qu'il y a deux semaines, Zakaria était présent à l'hippodrome d'Anfa pour recevoir le trophée remporté par son cheval «Zack Dream», lors du Grand Prix Feu SM Mohammed V des courses hippiques. Qui aurait cru qu'il s'en irait si tôt ?