Alors que la communauté internationale était encore sous le choc de la démission de Mahmoud Abbas de la présidence du gouvernement palestinien, l'armée israélienne a tenté d'assassiner le chef spirituel du Hamas, Cheikh Ahmed Yassine. Il a fallu à peine quelques heures pour que la situation change entièrement et d'une manière radicale au Proche-Orient. En l'espace de la matinée du samedi, les évènements se sont succédés d'une manière accélérée remettant en question toute la donne politique dans la région. La démission de Mahmoud Abbas Abou Mazen de la présidence du gouvernement palestinien, la tentative d'assassinat du leader spirituel du mouvement Hamas, Cheikh Ahmed Yassine, et la décision des pays membres de l'Union-Européenne d'inclure cette organisation palestinienne sur la liste des groupes terroristes. En trois actes successifs mais presque simultanés, la scène israélo-palestinienne a perdu le peu d'équilibre qu'il restait et tout espoir de paix s'est effondré. Ce fut d'abord la démission d'Abou Mazen qui, quatre mois après son investiture, a préféré se retirer convaincu que rien ne pourrait avancer dans l'Administration palestinienne tant qu'il y a un bras de fer entre lui et Arafat. Sa décision de démissionner a fait le tour du monde provoquant des réactions de préoccupations dans toutes les capitales du monde. Sur le plan politique interne, le comité central du Fatah, le principal mouvement palestinien, devait se réunir hier afin de discuter en présence de son dirigeant, Yasser Arafat, de la démission d'Abou Mazen. Selon des informations provenant de l'entourage du président palestinien, ce dernier l'a acceptée et a chargé Mahmoud Abbas de continuer à gérer les affaires courantes en attendant de prendre une décision quant au futur Premier ministre. Toutefois, les observateurs affirment que Arafat pourrait charger Abou Mazen lui-même de former un nouveau gouvernement. S'agissant des raisons l'ayant poussé à déposer sa démission, Mahmoud Abbas a déclaré que c'est essentiellement dû à l'impasse totale du processus de paix qu'il a imputé à Israël, mais aussi au manque de soutien à son gouvernement de la part du dirigeant palestinien Yasser Arafat. Il a résumé ses raisons en trois points à savoir le "refus fondamental d'Israël d'appliquer la feuille de route", l'absence de pressions américaines sur Israël, et le manque de soutien à son gouvernement de la part du président Arafat. Les réactions internationales ne se sont pas fait attendre. À Tel-Aviv, la réponse était ferme : l'Etat hébreu n'accepterait pas de négocier avec Yasser Arafat ou l'un de ses partisans, laissant planer à nouveau la menace d'un bannissement du président palestinien. Les pays européens, dont les ministres des Affaires étrangères étaient réunis à Riva del Garda en Italie, ont exprimé leur vive préoccupation face aux développements de la situation dans la région. Au Caire, siège de la Ligue arabe, un communiqué de cette organisation a précisé que les pays arabes demeurent très attachés très attachée à l'unité des rangs palestiniens. Pour Washington, l'annonce de la démission du chef du gouvernement palestinien a porté un nouveau coup à la "feuille de route", le plan de paix international qui avait déjà bien du mal à démarrer. La Maison-Blanche a affirmé toutefois qu'elle restait engagée à sa mise en oeuvre. Le second événement de la matinée mouvementée du samedi a été l'escalade israélienne contre le mouvement palestinien Hamas et l'inclusion de ce dernier sur la liste européenne des groupes terroristes. Alors que le monde entier tentait toujours sous l'effet de la démission d'Abou Mazen, Israel a préféré attiser encore l'escalade de violence en tentant d'assassiner le leader spirituel, Cheikh Ahmed Yassine. Ce dernier était en compagnie d'autres dirigeants du Hamas lorsque des chasseurs F16 ont lancé des missiles contre l'appartement où ils se trouvaient. Yassine et ses compagnons ont eu la vie sauve. Le mouvement a immédiatement réagi en menaçant de lancer de nouvelles menaces d'attentat à grande échelle après le raid avorté contre son fondateur et chef spirituel. Des menaces qui ont été prises très au sérieux par la police israélienne qui a immédiatement décrété un état d'alerte très poussé --juste inférieur à celui en temps de guerre. "Mon message à Sharon est clair : il va payer ainsi que le peuple israélien le prix fort pour ce crime", a déclaré cheikh Yassine à la sortie d'une mosquée à Gaza où 10.000 sympathisants lui ont fait un accueil triomphal, le portant sur les épaules. Il a démenti que la direction du Hamas préparait des attentats anti-israéliens lorsqu'il a été attaqué, affirmant qu'il n'avait fait que "visiter un ami". Cette nouvelle escalade de la violence provoquée par la politique des assassinats ciblés que l'armée israélienne mène contre les leaders palestiniens et la crise politique palestinienne sont deux ingrédients d'une situation qui risque d'exploser à tout moment dans la région et qui pourrait enterrer tout espoir d'instauration de la paix entre Israéliens et Palestiniens.