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Avec le prix 2M, de nouveaux arrivants pour la rentrée littéraire
Amine Harmach
Publié dans
Aujourd'hui le Maroc
le 13 - 09 - 2009
La rentrée littéraire est pour bientôt. Mais cette année, elle sera marquée par de nouveaux arrivants. 14 jeunes écrivains en herbe pour qui s'est présentée la chance d'être publiés pour la première fois, et ce grâce à l'initiative du prix 2M pour la création littéraire. C'est aussi au cours de cette rentrée littéraire que pour la première fois les œuvres de ce prix depuis sa création paraîtront. Ces 14 parutions concernent les lauréats de la première édition (2007) et de la deuxième (2008). Quel a été le parcours de ces ouvrages et de leurs auteurs avant qu'ils ne puissent être accessibles aux libraires et éventuellement entre les mains d'un lecteur? Et à travers l'expérience du prix 2M, dans quel contexte évoluent les jeunes écrivains marocains qui veulent publier leur premier livre?
«Avant de jeter un peu de lumière sur ces questions, il faut savoir que 14 est un chiffre honorable dans l'édition au Maroc. Surtout, quand il s'agit de 14 écrivains révélation, sachant que le Maroc connaît à chaque rentrée littéraire la sortie de 30 à 40 titres, selon Abdelkader Retnani des éditions «La croisée des chemins» éditrices de ces lauréats.
A titre de comparaison (une comparaison au goût amer), en
France
le chiffre des parutions à chaque rentrée atteint 650 titres. Notons aussi que la rentrée littéraire en octobre reste timide au Maroc, éclipsée par la rentrée scolaire le 10 septembre, date à partir de laquelle et durant tout le premier trimestre les libraires mettent de côté les ouvrages littéraires pour réaliser leurs plus gros chiffres d'affaires de l'année. Le livre scolaire étant la vedette, à défaut que la lecture soit le premier souci du consommateur marocain. Par ailleurs, c'est au cours de cette rentrée qu'elle soit littéraire ou scolaire que les parents doivent dans tous les cas encourager leurs enfants dès leur jeune âge à lire.
C'est d'ailleurs en lisant, que nos jeunes auteurs ont pu écrire. Et ce sont 628 candidatures durant la deuxième édition du prix 2M qui ont été reçues par un comité de présélection composé d'universitaires spécialisés dans les trois genres littéraires, le roman, la nouvelle et la poésie et dans les trois langues (arabe, amazigh et français). Est venue ensuite, l'étape finale de sélection chapeautée par un jury de renom, composé notamment d'écrivains reconnus tels que Ghita El Khayat, présidente du jury en 2007 ou encore en 2008, Fatima Chahid, Zineb Abderrazak Chraïbi, Youssef Amine Alami, Houcine Moujahid. Aussi, le jury 2009 compte de grands noms tels que Mahi Binebine, Bensalem Himmich et Mohamed Berrada. C'est à l'issue de cette étape, qu'ont été récompensés les finalistes du prix 2M, dont seuls les œuvres des lauréats des deux premières éditions (2007 et 2008) ont été publiées par la maison d'édition «La croisée des chemins», pour 65 dirhams le livre et ce après multiples tergiversations. Ces œuvres, selon l'idée initiale de 2M, devaient toutes être réunies dans un seul et même ouvrage. Mais l'éditeur, Abdelkader Retnani en a convenu autrement. «Il faut donner la chance à chacun séparément», a-t-il expliqué. Par ailleurs, selon Mohamed Mamad, directeur de programmation à 2M, «la présentation de l'ensemble des œuvres devrait avoir lieu prochainement lors d'éditions spéciales des émissions littéraires» «Diwane» et «entre les lignes» entre autres». Il a également noté que les critères de sélection par âge des candidatures (20 à 30 ans auparavant) seront allégés pour permettre un plus grand nombre de participants.
Lectures de quelques œuvres
On cite parmi les œuvres publiées, la nouvelle «Le miroir maudit» de Najoua Nourredine, une auteur ayant baigné dans la littérature dès son plus jeune âge, passionnée d'écrivains tels qu'Edgar Alain Poe, Théophile Gautier, Bernard Werbert entre autres. Dans ce récit à la première personne se mêlent réalité et éléments paranormaux. L'auteur use de tous les outils pour dépeindre un amour impossible, intrigue et personnages dignes des tragédies grecques, suspense haletant, dialogues vifs, descriptions physiques et psychologiques minutieuses et dynamiques. «Même au chevet d'un malade, elle trouve le moyen de lorgner son minois symétrique, de se faire l'œil, de se perdre allégrement dans le dédale de l'amour réflexif», peut-on lire dans un extrait. On retrouve également parmi les lauréats du prix 2M le jeune scénariste et réalisateur Hicham Lasri, avec son roman à facette «Stati©». C'est la chronique d'un futur lointain où les êtres humains, au seuil d'une guerre apocalyptique, vivent envahis par les progrès technologiques et scientifiques, habitant dans des cubes et adoptant des bébés virtuels. «Ce temps où l'annonce publicitaire du ministère de la Population : «0,001% enfant par couple» s'est mis à moins nous faire rire». La littérature amazighe est aussi à l'honneur, notamment avec les œuvres poétiques «Tawgrat» de Rachid Njib et Amseka (Berger) de M'hmed Alilouh. A travers «Amseka», traduit en français l'auteur raconte sa vie de berger. «J'étais berger avant de devenir enseignant. Mais en fin de compte, c'est toujours le même métier, seuls le contexte et les lieux diffèrent, j'ai toujours la même responsabilité, me réveiller tôt, gérer un groupe, le guider», dit-il. Et de poursuivre : «Ce genre d'émission qui promeut la littérature en général et la langue amazighe en particulier est une excellente chose. Je déplore le fait que malgré cela, des concours de la sorte ne disposent pas de la même attention et soutien financiers qu'a par exemple, Studio 2M. La littérature doit être de plus en plus promue dans notre pays». Le recueil, «Des mots et des lettres» du jeune Soufiane Marsni et dont les thèmes sont inspirés de ses expériences personnelles est dédié à la jeunesse et à l'enfance. «L'écriture me donne l'espoir et la sérénité et m'aide à me concilier avec moi-même surtout dans les moments difficiles. J'essaie dans mon effort d'écriture d'atteindre la simplicité au niveau du sujet et du style», dit ce passionné et fan d'ecrivains comme Maupassant, Gogol ou Tolstoï entre autres. «Je dois ma participation à ma mère et je lui dédie mon prix, sans son aide et sans l'initiative de 2M, cela aurait été difficile pour moi de publier mon nouvel ouvrage», a affirmé Soufiane Marsni qui avait publié son premier ouvrage «Voyage et solitude» à compte d'auteur en 2003 qualifiant cette expérience d'intense et douloureuse. L'enfance inspire également le recueil de nouvelles en arabe de Malika Choujai, intitulé «Doumou ssabar» (Larmes de cactus). «Il y a dans mon ouvrage des nouvelles que j'ai écrites, il y a 16 ans, quand j'étais très jeune, j'étais encore enfant. Je défends dans cet ouvrage le monde de l'enfance avec toutes ses belles valeurs», souligne cette femme de 32 ans influencée par des auteurs tels que Nay Ziada, Jabran Khalil Jabran, Fadoua Balkan Narjiss El Malaika. Le roman en arabe «Rouhoun Cheradtha eriyah»d'Abdelbassat Zekhini a comme héros un personnage anonyme qui quand on lui demande son nom, dit que le vent l'a emporté. L'histoire se situe dans la période du protectorat. Accusé d'avoir trahi sa patrie, il s'isole dans sa chambre et s'interroge sur le devenir de l'homme, pourquoi celui-là est-il devenu si cruel ? Le monde réel ne lui donnera pas de réponses. Il se réfugiera dans le monde des rêves où il rencontrera Ibn El Moukaffa. Celui-là lui conseille pour trouver la vérité d'accéder au monde des idéaux et dont le seul moyen est de mourir, se suicider. Il se suicidera et personne ne saura pourquoi. «L'idée d'un personnage incompris par son environnement m'habitait depuis longtemps», dit Abdelbassat Zekhini ce jeune enseignant de 31 ans. «J'ai essayé d'offrir dans ce roman que j'avais commencé un an avant ma participation au prix 2M, le meilleur de moi-même, en exploitant toutes les idées et le savoir cumulés à travers mes nombreuses lectures», explique-t-il. Et de conclure : «Je suis confiant en mon style, j'ai plusieurs projets, idées, mais je trouve beaucoup de contraintes pour les réaliser».
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