France. La tuerie de Nanterre, le suicide de son auteur et la multiplication d'actes de sabotage ont bouleversé la campagne présidentielle en France. Le climat est particulièrement tendu entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Lundi, la tension dans la classe politique française était à son comble. L'incendie survenu dans la nuit dans une synagogue à Marseille, la 3ème en un week-end, a amené Jacques Chirac à interpeller directement Matignon. Dans la matinée, un communiqué de l'Elysée stipulait : « face à la multiplication des agressions à caractère antisémite », le président de la République (…) a demandé au gouvernement de prendre des mesures de protection renforcée, en particulier des lieux de culte ». Le président-candidat a également appelé le directeur de cabinet de Lionel Jospin, Olivier Schrameck, et le ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, pour faire le point. De retour après deux jours de campagne électorale aux Antilles, le Premier ministre a aussitôt répliqué le soir en annonçant qu'au total «plus de 1.100 hommes supplémentaires» seraient déployés pour assurer la protection des synagogues. Ce regain de tension entre le président sortant et son Premier ministre avait commencé la semaine dernière, à la suite de la tuerie de Nanterre, dans laquelle huit élus ont trouvé la mort. Jacques Chirac avait alors saisi l'occasion pour faire un lien entre violence, insécurité et incivilité, mettant en avant la part de responsabilité du gouvernement Jospin dans ce «dramatique événement». Dans ce brouhaha politico-électoral, les autres candidats ont aussi tenu à réagir. Alain Madelin (Droite Libérale) a ainsi dénoncé lundi ces «actes de terrorisme», qui «ne sont pas manifestement des actes antisémites isolés». Christine Boutin (dissidente UDF, droite) s'est quant à elle élevée contre ces « actes inacceptables, que leurs motifs soient politiques, raciaux ou purement gratuits». Pour François Bayrou (président de l'UDF), «il est impensable qu'en 2002 nos concitoyens juifs aient peur» après ces actes, qu'Olivier Besancenot (LCR, extrême gauche) a également qualifié «d'odieux». Quant au dirigeant d'extrême droite, Jean-Marie Le Pen (FN), il a vu un lien entre ces attaques et «l'aggravation de l'insécurité», tandis que son frère ennemi Bruno Mégret (MNR) attribuait «cet antisémitisme » à « une immigration massive et incontrôlée»… Considéré comme le troisième homme, Jean-Pierre Chevènement (Pôle Républicain) a pour sa part déploré mardi que «tout événement, et en particulier ceux de Nanterre (la tuerie des huit élus), donne lieu à une récupération par le président de la République ou par le Premier ministre dont les faits et gestes occupent l'essentiel de l'espace médiatique». Ce mardi, un dernier sondage réalisé par IPSOS/Le Figaro/Europe 1, donnait par ailleurs, pour la première fois depuis un mois, l'avantage à Jacques Chirac. Celui-ci l'emporterait par 51 % au second tour (le 5 mai) contre Lionel Jospin. Côté parrainages, la date limite de dépôt des signatures expirait ce mardi à minuit. Douze candidats ont déjà annoncé qu'ils avaient franchi l'obstacle : M. Chirac, M. Jospin, Mme Laguiller, M. Besancenot, M. Gluckstein, M. Hue, M. Mamère, M. Chevènement, M. Bayrou, M. Madelin, Mme Boutin et M. Saint-Josse. Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret semblaient quant à eux en mesure d'obtenir les 500 signatures nécessaires.