Les exportations de brut en Irak ont été paralysées suite à des tentatives d'attaques-suicide qui ont visé le terminal de Bassorah et celui de Khor Al-Amaya. Le risque d'embrasement du pays demeure réel. La coalition anglo-américaine en Irak a fait face, durant ce week-end, à des attaques-suicides qui ont interrompu provisoirement les exportations pétrolières du pays. L'Irak exporte 1,9 million de barils de pétrole par jour dont une bonne partie, soit 1,6 million, transite par le terminal pétrolier de Bassorah, visé samedi par l'explosion d'une embarcation conduite par des kamikazes. L'attaque, déjouée de justesse, a provoqué une coupure de courant dans la plate-forme, conduisant à l'interruption des opérations de chargement. Deux marins américains ont été tués en tentant de contrer les kamikazes dont le précédé rappelle celui utilisé par Al-Qaïda au Yémen contre le destroyer américain USS Cole en 2 000 et le pétrolier français, le Limburg en 2002. A la suite de cette tentative, les exportations de brut ont été suspendues pour «au moins deux jours», d'après un porte-parole de la coalition qui dit par ailleurs, n'avoir aucune information sur la situation au terminal de Khor Al-Amaya, visé samedi par une attaque suicide. Ces attaques bien menées interviennent après une série d'attentats à la voiture piégée qui ont pris pour cible trois postes de police de Bassorah et l'académie de Zoubeir, à 25 km plus au Sud. Plus de 74 personnes ont péri dans cette région, jusque-là relativement épargnée par la violence. A Bagdad, la tension était aussi à son comble dimanche après que quatre écoliers irakiens eurent succombé à des tirs de GI's qui avaient ouvert le feu au hasard après la déflagration survenue au passage de leur convoi dans l'Est de la ville. L'Armée américaine n'a pas fait de commentaires au sujet de cet incident où un Humvee faisant partie d'un convoi militaire, était laissé en feu. A Falloujah, un nouvel accord prévoyant une extension illimitée de la trêve était attendue mais le comité des ouléma musulmans, associé aux négociations, a précisé qu'il devait être approuvé auparavant par les habitants. L'accord prévoit notamment l'interdiction du port d'armes dans la ville et des patrouilles communes entre les forces de police et de défense civile irakiennes et la coalition. Dans son édition d'hier, le New York Times rapporte que le président américain George W.Bush devait décider durant le week-end d'une éventuelle offensive contre le bastion rebelle de Falloujah. Sur le plan politique, le ministre irakien des Affaires étrangères a annoncé hier la tenue d'une conférence nationale, après le transfert du pouvoir prévu le 30 juin. L'objectif, déclare-t-il, c'est d'assurer à tous les irakiens une participation politique à la gestion des affaires de leurs pays. Jusque-là, dans le gouvernement intérimaire, boudé par les sunnites, la coalition avait privilégié les opposants en exil de l'ancien régime. En attendant, le Conseil de sécurité de l'ONU doit adopter une résolution légitimant le processus de transfert du pouvoir, déclare le haut responsable irakien pour qui cette conférence nationale qui n'est pas une instance législative, doit examiner des questions en suspens. Le plan de l'ONU prévoit la désignation d'un gouvernement de technocrates, en consultation avec la coalition dirigée par les USA et le Conseil provisoire irakien, jusqu'à l'élection d'un parlement en janvier 2005. L'Algérien Lakhdar Brahimi, émissaire de l'ONU, a estimé possible de mettre sur pied un gouvernement de transition avant le 30 juin, reconnaissant toutefois, que cela ne serait pas «facile », suite à un entretien avec le président français, Jacques Chirac. M. Brahimi en tournée de consultations en Europe, cherche le consensus autour du plan sur la transition en Irak, lequel doit être présenté demain au Conseil de Sécurité de l'ONU.