Le jardin d'Essais botaniques de Rabat retrouvera bientôt l'éclat et le charme du bon vieux temps. Cet espace hors du commun est en cours de réhabilitation, à l'occasion du réaménagement de l'avenue de la Victoire. D'une superficie totale de 17 hectares, le jardin d'Essais botaniques était laissé à l'abandon depuis des années. Il est traversé par l'avenue de la Victoire qui le divise en deux parties : la partie amont ou est avec 10 hectares et la partie aval ou ouest avec 7 hectares. L'Institut national de recherche agronomique (INRA) qui a pour mission d'entretenir ce jardin très connu chez les botanistes, est le maître d'ouvrage du projet de réhabilitation. Pour restaurer ce patrimoine botanique dont tous les marocains devraient être fiers, il a fallu une enveloppe de 27 millions de dirhams, dont 15 millions alloués par le Fonds Hassan II. Le jardin d'Essais botaniques n'aura rien à envier à ses «homologues» des autres pays. Il abritera de nombreuses espèces et variétés végétales spontanées et horticoles venues du monde entier, identifiées et réunies en collections. En 1992 le jardin d'Essais botanique a été inscrit patrimoine culturel national, permettant ainsi à ce site exceptionnel d'échapper aux tentatives d'urbanisation. Bon nombre de Marocains se posent la question : qui a conçu et réalisé ce magnifique jardin? Jean-Claude Nicolas Forestier est le célèbre architecte paysagiste français qui en fut l'initiateur en 1914. Mais son projet ne vit le jour dans son aboutissement final que durant les années 1927-1928 et Gaston Herbert, ingénieur horticole, en a été son premier directeur. Le jardin date donc de l'époque du protectorat français. Pas moins de 600 espèces ligneuses ornementales et fruitières d'origine diverse (locale, tropicale, subtropicale et désertique), embellissent les coins de cet espace verdoyant. Le jardin contient plusieurs espèces de fleurs et de plantes, comme les hoyas (fleur tropicale parfumée de la famille des asclépiadacées), des cactus (symbole végétal de résistance), des hybiscus, des bougainvilliers, des orchidées, des pâquerettes, des jonquilles, des échinocactus (une plante grasse de la famille des cactacées), du millepertuis (une plante reconnue pour ses vertus anti-déprime); Bref un bouquet aussi bien riche que varié. Au sol, duver, lychens, sedum (une plante basse et tapissante qu'on emploie pour la garniture de massifs et de bordures), herbe et gazon de diverses familles sont employés à recouvrir plusieurs mètres carrés. Le jardin d'Essais botaniques est l'unique lieu au monde à détenir des espèces végétales extrêmement rares, du type «spathodea campanutata» ou encore le «brachyton rupestris». Ce jardin est le premier à avoir introduit l'avocatier au Maroc. Il est de même à l'origine du développement des pépinières autour de la ville de Rabat en matière de plantes ornementales. Le projet de réhabilitation prévoit l'enrichissement de ces ressources par de nouvelles espèces endémiques, rares et menacées d'extinction, exotiques et d'intérêt économique, en l'occurrence les plantes aromatiques et médicinales. L'exploration de ces espèces constitue actuellement une orientation prioritaire de recherche à l'INRA. Conserver la biodiversité est le souci majeur des biologistes et techniciens travaillant dans le jardin d'Essais botaniques. Le travail de recherche scientifique effectué dans ce jardin inclut l'étude de la botanique, la taxonomie (science de la classification et plus particulièrement de la classification des formes vivantes) et la systématique. Les chercheurs de l'INRA étudient également dans ce jardin l'adaptation d'espèce exotiques hors de leur milieu d'origine. Les données recueillies ainsi que les études menées sur de nouvelles espèces peuvent être exploitées dans l'agriculture, l'industrie ou la recherche médicale. Aujourd'hui, les domaines d'études dans les jardins botaniques dans le monde sont de plus en plus vastes allant des recherches moléculaires en laboratoire aux essais de comportement des espèces sur le terrain. Une mission qui impose aux chercheurs beaucoup de rigueur et de patience. Pour préserver les différentes espèces que compte le jardin d'Essais botaniques et aider les chercheurs dans leurs tâches quotidiennes, des installations spécialisées pour l'acclimatation de nouvelles espèces introduites seront réalisées. Le jardin d'Essais botaniques fait l'objet de plusieurs partenariats. Au niveau national, l'association Ribat Al Fath est liée à l'INRA depuis 1997 par une convention ayant pour objet de soutenir l'INRA dans la réhabilitation du jardin. Au niveau international, une convention a été signée entre l'INRA et le jardin botanique de Singapour en 2005, portant sur le développement du jardin d'Essais. À côté des autres espaces verts que compte la capitale du Royaume, ce jardin est incontestablement une source d'oxygène pour la cité océanique. La réouverture de ce bel endroit est vivement attendue par tous les habitants de la ville de Rabat. Les adeptes de la botanique devront faire preuve de patience avant de voir ce bijou écologique renaître de ses cendres.