ALM : Parlez-nous de vos débuts artistiques ? Latefa Ahrrare : Ma carrière artistique a commencé avec « Bent lafchouch » (Fille gâtée) de Abdelatif Ayachi en 1990. Ce rôle a été incarné, contrairement à ce que pensent plusieurs gens, dans une époque où je ne connaissais pas même pas l'Institut supérieur d›art dramatique et d'animation culturelle (ISADAC). Ce n'est qu'après avoir joué dans cette œuvre télévisuelle que j'ai rejoint l'institut. Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à choisir une telle carrière ? Ce choix est-il personnel ou une influence de votre entourage familial ? Absolument pas ! Faire partie du monde de l'art était une initiative personnelle. C'était un choix prémédité. Et ce n'était pas dû à une influence familiale. Après avoir joué mon premier rôle avec « Bent lefchouch », j'ai su que pour faire carrière dans ce domaine, je devais être munie d'une formation académique qui renforcera davantage mon talent. Concernant mes débuts dans le monde de l'art, j'ai participé dans plusieurs réalisations au Maroc et ailleurs. J'ai également joué dans des téléfeuilletons. À ce propos, je tiens à préciser que chaque expérience vécue, qu'elle soit avec des réalisateurs ou metteurs en scène marocains ou étrangers, reflète diverses manières de voir les choses. Cette multitude de visions et d'approches ne peut qu'enrichir mon registre artistique. Plusieurs films, plusieurs pièces de théâtre notamment avec Taïeb Seddiki et Abdelhak Zerouali. Avez-vous un penchant pour le 7ème art ou pour les scènes de théâtre ? C'est difficile de trancher. J'appartiens à l'art. Mon public peut me découvrir sur une scène de théâtre, à travers un feuilleton ou encore sur le grand écran. Je peux aussi écrire, chanter, danser ou faire de la mise en scène. J'essaye toujours d'interpréter mes rôles avec le plus de professionnalisme qui soit, tout en donnant le meilleur de moi-même. C'est ce qui compte pour moi. Comment abordez-vous un rôle de théâtre ou de cinéma ? Au Maroc, on n'a pas beaucoup de choix. J'essaye de travailler mes rôles en menant une étude psychologique et scientifique, pour faire ressortir le meilleur de moi-même. Je vois dans l'interprétation des différents personnages un jeu. Il faut, à mon sens, que l'acteur trouve le plus grand plaisir en jouant. Mais, je pense que beaucoup de travail reste à faire, vu le nombre minime des productions que connaît la scène cinématographique. Préparez-vous des projets artistiques ? Je reviens d'une tournée en France, à l'Institut du monde arabe à Paris, avec la pièce « La dernière nuit », une tournée entamée depuis 2005. Je viens également de tourner deux films. Le premier avec Said Naciri, intitulé « Une famille empruntée ». C'est un rôle comique, où je suis la copine de Mouna Fettou qui veut se marier et que tous les membres de ma famille deviennent les siens, une sorte de prêt en quelque sorte pour la cérémonie. Le second film est une réalisation de Hakim Noury intitulé «Les victimes». Ce rôle est complètement différent, puisqu'il s'agit d'une femme au foyer qui a trois enfants et qui est couturière pour subvenir aux besoins de sa petite famille. Donc, encore une fois, vous insistez sur la diversité des personnages ? Absolument. J'adore jouer des rôles différents. C'est une sorte de défi. Je préfère interpréter les rôles qui font un peu peur, ou qui sortent de l'ordinaire. Des rôles qui sont compliqués. C'est ce qui donne un sens et un plaisir à ce que je fais. Sur le plan national, ne croyez-vous pas que le théâtre est un petit peu marginalisé ? Le théâtre n'est pas marginalisé, mais peu médiatisé. J'aimerais bien que les médias en parlent davantage, sachant que nous avons d'excellents metteurs en scène et des pièces qui ont fait le tour du monde. Où passez-vous votre temps libre ? Loin des projecteurs et des scènes de théâtre, je passe la majorité de mon temps à voyager, faire du sport, surtout le yoga et l'alpinisme. Je mange peu. J'aime beaucoup lire et voir des films. Quant à mon cher public, je lui souhaite de très belles vacances. Qu'ils voyagent, partent à la plage ou à la montagne. Qu'ils oublient leur quotidien et prennent la vie du bon côté.