Taher Raad est né en 1951 à Mohammedia. Il avait vécu à «Derb Meknès» où il a commencé à jouer au football. Ses camarades et lui jouaient dans une équipe formée par un certain Darouich Kadour. Un homme très généreux : «c'était comme un père pour tous les enfants du quartier. Il nous a même achetés les baskets et les tenues sportives. Mes camarades et moi sortions en courant de l'école pour aller jouer au foot. Chacun de nous voulait être le meilleur et la compétition nous motivait tellement», raconte Taher Raad. Le frère de ce dernier, qui n'était autre que Mohamed Raad, un footballeur du Chabab de Mohammedia (SCCM), a présenté le jeune Taher à l'entraîneur Abdelkader Ait Ouba. Ce dernier l'a intégré dans l'équipe des juniors du SCCM en tant que gardien de but. Et c'est ainsi que l'histoire de la passion commence en 1965. «Mon frère m'a préparé le terrain et l'entraîneur Ait Ouba m'a consacré des séances intensives pour me former en tant que gardien de but. L'année suivante, je suis devenu titulaire au sein du Chabab de Mohammedia, qui comptait, à ce moment-là, des gardiens de but très célèbres comme Mohammed Ouled Jiyar et Kouskous», confie-t-il. Ce n'est qu'en 1967 que Taher Raad joue son premier match officiel contre le club d'El Jadida. De cette expérience, il garde des souvenirs indélébiles : «J'avais joué en compagnie de Faras, Bachir et d'autres… J'étais très timide alors que je me retrouvais, pour la première fois, avec des professionnels. Et parce qu'ils connaissaient mon frère, tous les joueurs du Chabab étaient toujours là pour moi». Un peu de chance ne fait jamais de mal. Tout au contraire, Taher Raad a eu droit à deux encadrants, Abdelkader Ait Ouba dans l'équipe des jeunes, pour la matinée, et El Khoumari, l'entraîneur de l'équipe A, pour l'après-midi. Toute une année sur ce rythme-là a permis au jeune Taher Raad de tracer son chemin vers la réussite. Mais il fallait avoir beaucoup de patience. Taher Raad est resté remplaçant, après sa titularisation. «L'entraîneur El Khoumari, a suivi un plan pédagogique propre à lui, pour me confirmer davantage. Et pour y arriver, il m'a fallu m'entraîner plus durement. Mon entrée dans le terrain ne viendra qu'en 1969, lorsque Ouled Jyar avait eu un malaise au cours d'un match officiel joué à Casablanca. L'entraîneur m'a alors lancé : «tu vas commencer mon petit !». C'était le départ de ma carrière», se souvient-il, ému. Au fil du temps, Taher Raad s'est battu et a démontré ses capacités sportives et techniques. Il a su s'imposer au sein de son club : «J'avais beaucoup d'audace. Je cherchais les balles et je protégeais toujours les filets au point de ne laisser aucun ballon y pénétrer», souligne le jeune prodige. Dès 1970, il devient gardien de but officiel du club de Mohammedia. Et sa renommée dans tout le Maroc ne se fait pas attendre. «En 1972, alors que le Chabab de Mohammédia s'est qualifié à la finale de la Coupe du Trône, la compétition a été annulée, malheureusement, en raison des circonstances politiques», regrette Taher Raad. Durant cette même année, le SCCM joue le Championnat arabe des clubs champions, organisé à Casablanca au stade Père Jégo. Il affronte les clubs du MCA d'Alger et le club Africain de Tunisie, deux équipes qui comptaient de grands noms du football maghrébin. Mais, le Chabab a fini par remporter la coupe. «Durant la finale contre la Tunisie, Asila a joué son premier match et émerveillé le public. Le match contre la Tunisie était très disputé et j'avais réussi à arrêter un pénalty. Mon club a remporté le premier titre de cette coupe arabe», raconte Taher Raad. 1974 était une année historique pour ce gardien de but talentueux. Il intègre l'équipe nationale Espoir et joue aux côtés de Dolmy, Jaouad, Boussati et Chicha, avant de rejoindre deux années après l'équipe A. Raad était le 2ème gardien après El Hazaz. «Je considère El Hazaz comme étant le gardien de but sans égal. J'ai beaucoup d'estime pour lui… C'est un ami et un grand frère », déclare Taher Raad. En 1979, ce dernier remporte en compagnie de ses collègues la Coupe du Trône, organisée à Casablanca. «Il y avait 110.000 spectateurs. Feu le Roi Hassan II a assisté à la finale qui a opposé le WAC de Casablanca au SCCM de Mohammédia. Nous avons remporté la Coupe en battant les wydadis par 2 à 1. C'était un des moments de gloire qu'on ne peut jamais oublier», avoue Taher Raad. De 1980 à 1981, le SCCM remporte le titre du champion du Maroc. Puis, le gardien de but met fin à sa carrière pour se consacrer à sa nouvelle mission: l'entraînement. «J'ai décroché un diplôme d'initiateur de 1er degrés à Rabat et un autre de 2è degrés de Claire Fontaine en 2000. Je me suis consacré à l'encadrement des jeunes talents du club du Chabab, puis d'une autre équipe de La Samir. Actuellement, je suis entraîneur de l'équipe de Marrakech Chez Ali. Une équipe de 2è division dirigée par des responsables sérieux qui se battent pour la promotion du football. Toutes les conditions de travail sont bonnes et il n'y a pas de place à l'amateurisme», tient à souligner Taher Raad. Professionnel jusqu'au bout des ongles, Taher Raad reste un fidèle endurci du ballon rond.