Un flux tendu de voitures, depuis la route périphérique d'Algesiras par laquelle on accède directement au port. La saison de transit est à son paroxysme. « Premier arrivé, premier embarqué », c'est la règle de base à laquelle personne ne peut déroger. Une centaine de caméras sont là pour enregistrer toute infraction. L'autorité portuaire du port d'Algesiras s'est enorgueillie d'avoir mis en place un système informatique infaillible pour le contrôle et la régulation du transit des MRE par le port. Selon les données collectées, grâce au réseau de caméras qui est centralisé, les files de voitures sont dirigées vers les aires de repos aménagées dans l'enceinte portuaire avant d'accéder aux voies menant aux passerelles des ferries. Rien de cela ne se fait sentir par les passagers, l'opération étant si fluide que le temps d'attente, réduit à presque deux heures depuis la saison dernière, ne se fait plus sentir. Dans la fraîcheur des surfaces ombragées installées spécialement pour l'opération, des familles attendent le moment de l'embarquement. La chaleur extérieure est étouffante. Des points de distribution d'eau ont été installés un peu partout. Un local a été également aménagé pour la prière. Une délégation de la Fondation Mohammed V, installée dans un local préfabriqué, tente d'apporter son soutien aux MRE qui en éprouvent le besoin. La fondation est souvent sollicitée. «Je ne sais ni lire ni écrire, des équipes de la Fondation Mohammed V m'ont aidé à remplir différents formulaires», affirme Thami K, retraité vivant en Hollande. Leur rôle ne s'arrête pas là, les membres de la Fondation interviennent pour des soins d'urgence, l'assistance sociale et autre. «Comme chaque année, je n'ai pas eu de problème pendant le voyage ni avoir le recours aux membres de la Fondation Mohammed V. Mais ces derniers travaillent comme une fourmilière pour accomplir leur mission et nous faciliter le voyage», témoigne Rachida B, femme au foyer résidant en Hollande. À côté des locaux de la Fondation, se sont installés les services du consulat du Maroc à Algesiras. Les fonctionnaires se tiennent prêts à intervenir à chaque fois que cela s'impose. Le consulat s'applique en matière de proximité. Dans le port, et sous les 25.000 m2 de surface ombragées, dans les vastes parkings aménagés pour abriter, chacun 200 voitures, soit un total de 7.200 véhicules dans l'ensemble du port, des milliers de voitures attendent leur tour pour embarquer. À l'intérieur de la station maritime, l'ambiance rappelle le brouhaha de nos gares routières. Les passagers qui arrivent au port s'empressent vers les guichets des compagnies maritimes pour retirer leurs billets. Tout ce monde se donne rendez-vous au niveau supérieur où se trouve la salle d'embarquement. Là encore, c'est un charivari à ne plus en finir. De jeunes missionnaires, palestiniens et syriens, dans leur majorité, poussant un petit chariot rempli de bibles et autres articles de prosélytisme évangéliste essaient péniblement de se frayer un chemin une fois une «proie» isolée repérée dans la foule. Les autorités portuaires, ayant décrété les billets interchangeables durant cette période, à chaque fois qu'un ferry est annoncé, une foule compacte sur rue vers les boxes des agents de la police des frontières espagnole. Ceux-ci, d'un air froid, se contentent de jeter un coup d'oeil sur le passeport, un autre sur la personne en face, puis apposent leur tampon sur le document. Une fois dans le ferry, le temps est compté, il faut d'abord se procurer et remplir l'indispensable formulaire de la police des frontières ainsi que les formulaires exigés par la douane. Il faudra, ensuite, attendre son tour pour se faire son passeport. Tout cela dans un désordre sidérant. C'est comme si toute notion d'ordre et d'organisation a été abandonnée sur les quais du port d'Algesiras. Les familles nombreuses se partagent souvent les tâches, alors qu'un membre est envoyé faire estampiller les documents de voyage, un autre au restaurant alors qu'un troisième attend impatiemment l'ouverture du «duty free» pour les provisions de cigarettes et, accessoirement, acheter un petit cadeau pour ceux qui n'ont pas eu le temps de le faire avant. Ceux, qui ont voulu échapper à ce vacarme et préféré prendre de l'air sur la terrasse, aperçoivent les premiers bouts de la terre natale ou celle où sont nés leurs parents. Il ne reste plus beaucoup de temps avant de fouler le sol de Tanger. Les plus pressés vont déjà chercher leurs véhicules au garage. Les moments d'accostage sont les plus lents. Une fois le bateau bien amarré, les voitures s'engagent dans les couloirs balisés en direction des points de contrôle de la police et la douane. «Mes enfants n'ont pas résisté à la forte chaleur en Espagne, ils sont très fatigués. Nous avons passé un bon voyage sur le bateau. Mais, comme il y avait beaucoup de monde, nous avons beaucoup attendu avant de régler nos papiers», déplore Rachida B. Fini les tracas de la traversée, la famille de Rachida et des milliers d'autres quittent le port et s'engagent dans le vaste boulevard Mohammed VI de Tanger. «Nous avons beaucoup entendu parler du renforcement des dispositifs d'accueil. Je viens tous les deux ans, mais nous n'avons constaté aucun changement», affirme Larbi M, un Marocain résidant à Paris. La satisfaction des MRE est devenue une priorité. Le Maroc et l'Espagne travaillent en partenariat pour garantir confort, sûreté et sécurité à l'opération Transit 2007. Le nombre des MRE rentrés au Maroc jusqu'au 11 juillet a atteint 467.420 personnes, soit une augmentation de 18,4% par rapport à la même période de 2006.