Saâd El Alami, ministre istiqlalien des Relations avec le Parlement et candidat aux communales à Chefchaouen, assure que le calme que connaît la campagne électorale est un signe positif. ALM: Quelles sont vos impressions sur le déroulement de la campagne électorale? Saâd El Alami : Il faut reconnaître que c'est une campagne assez calme. On ne peut difficilement la qualifier de passionnée. En fait, cette campagne électorale est caractérisée par la primauté du dialogue responsable. Les candidats qui se présentent aux élections ont tendance à encourager la discussion directe avec les citoyens, plutôt que les grands meetings. C'est une approche de proximité très intéressante. Les sujets de discussion sont assez variés, mais ont tous un rapport direct avec l'intérêt des électeurs au niveau local. Ils partagent leurs préoccupations, leurs soucis et font même des critiques aux candidats. C'est d'ailleurs l'intérêt de ces élections, à savoir donner la parole aux citoyens. C'est notamment la raison pour laquelle j'estime que cette campagne électorale constitue une avancée significative, contrairement à ce que peuvent dire certains. Justement, plusieurs observateurs estiment que le mode de scrutin de liste peut accentuer le taux d'abstention. Au contraire. Le scrutin de liste permet de voir si tel ou tel candidat qui occupe la tête de liste ou pas est capable de réunir une équipe homogène. Le choix des candidats est donc primordial. La composition de la liste reflète fidèlement les aptitudes des élus concernés à gérer sereinement une commune. Toujours grâce au scrutin de liste, les électeurs auront ainsi la possibilité de procéder à des comparaisons entre les programmes des différents partis, et à une confrontation des idées qu'ils développent. L'aggravation des sanctions contre l'achat des voix n'explique-t-elle pas, à votre avis, le calme qui caractérise cette campagne? La lutte contre l'usage de l'argent et l'achat des voix est un des principaux objectifs du gouvernement. Cette volonté affichée s'est illustrée par la fameuse lettre commune entre le ministère de la Justice et celui de l'Intérieur. Les autorités ont donc décidé d'assurer une concurrence loyale lors de la campagne électorale et le jour du scrutin. Nous sommes donc confiants. Toutefois, il faut savoir que l'achat des voix ne se développe davantage que lors des derniers jours de la campagne électorale. Nous devons donc être très vigilants à ce phénomène, jusqu'à la dernière minute. Vous avez participé à plusieurs élections. Pensez-vous que cette année, les électeurs ont repris confiance dans le système? Je suis convaincu que les électeurs marocains ont redoublé de maturité. Ils sont maintenant nombreux à apprécier à sa juste valeur le rôle de la commune. Bien entendu, dans les limites des moyens dont dispose cette dernière. A ce titre, je tiens à rappeler que les réunions restreintes organisées par les candidats avec des petits groupes d'électeurs sont extrêmement importantes et instructives. Le candidat doit non seulement se faire connaître de ses électeurs, mais également rectifier ce qu'il doit l'être grâce notamment aux critiques de ces derniers. Que pensez-vous du rôle joué par le ministère de l'Intérieur? Les partis politiques ont toujours exhorté l'administration à accorder au ministère de l'Intérieur le rôle qu'il est, justement, en train de jouer aujourd'hui. Je pense notamment à la neutralité passive dont le ministère a fait preuve depuis longtemps. Cette attitude consistait pour le ministère de l'Intérieur de rester comme un spectateur face aux irrégularités commises lors de la campagne et le jour-même du scrutin. Désormais, ce n'est plus le cas. Le ministère de l'Intérieur occupe une position de neutralité, certes, mais celle-ci est positive. Que fait le parti de l'Istiqlal pour accompagner cet élan de l'Administration? Notre but, au parti de l'Istiqlal, a toujours été de présenter des candidats honnêtes et respectables. Et non pas de couvrir le maximum de circonscriptions électorales. Toujours est-i qu' en cas d'irrégularité, le parti ne tardera pas à prendre les dispositions nécessaires pour sanctionner les fautifs.