C'est avec consternation que j'ai lu deux articles, les 5 et 10 avril 2004, dans «Al Ahdath Al Maghribia» où Boukhari s'est permis d'offenser mon père feu Me Bouabid par des propos où se confondent calomnie, vilenie et délire le plus total. Ce journal qui lui a ouvert ses colonnes n'a pas eu une pensée élémentaire pour la veuve et les enfants de feu Me Maâti Bouabid. Ses lecteurs apprécieront cela à sa juste mesure. Pour ma part, je n'ai pas l'intention de répliquer à ce nouvel « historien» du Maroc, tant ses accusations sont hallucinantes. Toutefois, je souhaiterai réagir à l'analyse qui a été faite par Monsieur Jebrou dans ce même journal, suite au charabia développé par Mr Boukhari. Avant cela, je voudrai dire à Mr Jebrou que je n'ai aucune animosité à son égard, bien au contraire, je le respecte car je sais en plus qu'il entretenait du vivant de mon père, des relations cordiales avec lui. C'est donc à ce titre que de manière civilisée j'apporterai des rectifications à un certain nombre d'inexactitudes. Ainsi, lorsqu'il situe la fin des relations de Maâti Bouabid avec l'UNFP à l'année 1965, cela est inexact car feu mon père est resté membre actif à l'UNFP jusqu'en 1977. J'en veux pour preuve que lorsqu'il fut nommé en 1977 ministre de la Justice, l'UNFP publia un communiqué, dans lequel il était décidé le gel des activités de Me Maâti Bouabid au sein du parti. Pour ce qui est du procès des dirigeants, je rappellerai que Me Maâti Bouabid n'en était ni absent ni éloigné. Il a défendu après 1965 et tout au long des années 1967, 1968 et 1969 les personnes impliquées, notamment dans les procès de l'UMT. C'est ainsi qu'il fut l'avocat de son ami Mr Mahjoub Ben Seddik lorsque ce dernier a été arrêté et jugé. Quant au procès de 1970 de Marrakech, Maâti Bouabid était absent non pas parce qu'il était éloigné de son parti ou de ses amis, mais parce qu'il était comme d'autres avocats en désaccord avec la manière présentée pour constituer le collectif d'avocats ainsi que la stratégie de défense qui devait être suivie. C'est ainsi par exemple m'avait-il dit que lui-même et Me Teber ont décidé de ne pas participer à ce procès de Marrakech, pour les raisons explicitées plus haut. D'ailleurs, Me Teber Mohamed est toujours là pour me contredire. Concernant des informations sur un complot et qui auraient surpris certains avocats lors de ce procès de 1970 et auraient été données par Mr Dlimi à Me Maâti Bouabid, je relève que Mr Jebrou n'est pas affirmatif puisqu'il utilise le « conditionnel ». Je ne lui en tient donc pas grief et n'a point besoin de développer plus. En revanche, ce qui est important à constater que si un tel étonnement a pu être perçu chez certains avocats, cela n'a eu assurément aucune incidence sur eux, puisque Me Bouabid fut reconduit bâtionnier de 1971 à 1973 et notamment par les avocats de la gauche. Aussi s'il est apparu à Me Jebrou que Me Maâti Bouabid s'est éloigné de l'UNFP pendant les années dont il parle, cela est une impression inexacte, puisqu'il a continué à se réunir et fréquenter les figures de son parti, à savoir My Abdellah Ibrahim et Mr Mahjoub Ben Seddik pour ne parler que des vivants. Rappelons enfin que pendant cette période, il fut également bâtonnier de l'Ordre des avocats de Casablanca successivement et sans interruption de 1967 à 1973 ; cette fonction est prestigieuse et demande de l'attention et du temps. Lorsque Mr Jebrou aborde dans son article la désignation de Me Maâti Bouabid comme ministre de la Justice, je voudrai le rassurer qu'il n'y eut là ni «Ashab Al Hal» ni «Ashab Al Lail» mais simplement des personnes connues qui ont joué un rôle. En effet, en 1977, feu Driss Slaoui qui était son ami l'a contacté pour le rencontrer et lui dire que Feu Hassan II souhaitait vivement lui confier le ministère de la Justice et qu'il était temps qu'il serve son pays dans l'action après l'avoir servi dans l'opposition. A la fin de leur discussion, feu mon père m'a dit qu'il donna son accord. Le lendemain, il rencontra My Abdellah Ibrahim pour l'informer de cela. Ce dernier fut ouvert et compréhensif et leur amitié n'en a jamais été affectée. Concernant sa nomination comme Premier ministre, cela a relevé du choix exclusif de Feu Hassan II et il ne m'appartient ni de l'expliquer ni de la commenter. Je ne sais d'ailleurs ce que doivent penser tous les Premiers ministres du Maroc, lorsqu'on laisse supposer que l'on puisse atteindre une telle fonction en collaboration avec les services ! Pour ce qui est de la création de l'UC, un jour viendra où je raconterai les circonstances réelles où cela s'est produit et les raisons qui ont poussé à cela. Je puis ainsi penser que la vie de Maâti Bouabid fut assez claire sans intrigues ni choses camouflées ; ce n'était d'ailleurs ni son tempérament ni sa volonté. C'était un homme modeste au sourire facile qui fréquentait avec la même bonhomie le simple citoyen et le plus grand des ministres. C'est sûrement pour cela qu'après sa mort, on tente de le salir. Je ne saurai achever mes propos sans avoir une pensée pour feu Me Semlali lui aussi calomnié et j'apporte mon total soutien à sa famille. Je remercie les membres de l'UC qui se sont mobilisés ainsi que ses amis de tous bords qui m'ont témoigné leurs indignation et sympathie. Tu vois papa même si ce Mr Boukhari a attendu que tu ne sois plus de ce monde pour tenter de ternir ton image, ta famille fière de porter ton nom ainsi que tes amis, sont là pour réagir. Finissons comme tu aimais toujours le faire, c'est-à-dire par le sourire, en t'annonçant que ton petit-fils de 6 ans, Maâti, qui n'a pas eu la chance de te connaître est déjà rajaoui, te voilà donc rassuré ! • Par Saâd Bouabid