C'est là le constat avancé par Claude Loiselle, représentant du Bureau international du travail (BIT), lors d'un séminaire international sur la sécurité et la santé au travail. Cet évènement dont les travaux ont démarré hier 9 décembre et s'achèvent aujourd'hui, se positionne comme un carrefour d'expériences internationales et entend mettre le point sur le rôle des instituts nationaux dans ce sens. Détails. Dans le monde de la santé au travail, passer de l'indemnisation à la prévention représente aujourd'hui un défi non seulement pour le Maroc, mais pour le monde entier. Pour ce faire, il existe toute une approche à revoir. Ayant présidé la séance d'ouverture du séminaire, le ministre de l'emploi et des affaires sociales organise, Abdeslam Seddiki, a rappelé lors de son intervention l'inscription du droit inaliénable à la santé dans la constitution du Royaume. Le droit à la santé et à la sécurité au travail en constitue une part indéfectible, il représente aujourd'hui un grand enjeu pour le pays. Le ministre a ainsi insisté sur l'importance de ne pas céder aux agrégats financiers car, ajoute-t-il, «il ne faut pas oublier que la vie humaine a un coût... Nous sommes tous appelés à œuvrer pour que le développement économique de notre pays ne se fasse plus au détriment de la santé et de la sécurité des travailleurs». Il y a lieu de rappeler dans ce sens que les récentes estimations du BIT classent le Maroc en première position pour ce qui est des pays à haut risque d'accident du travail dans la région MENA. En effet, le risque serait de 47,8 pour 100.000 travailleurs, soit l'équivalent de deux fois et demie le taux moyen de la zone MENA. Une position peu enviable selon le ministre de l'emploi qui appelle à mener des actions à tous les niveaux dans le but d'atténuer le taux de fréquence des accidents et maladies au travail. «Il faut que les gens s'épanouissent dans les unités de travail», a-t-il déclaré. Le spécialiste sénior en santé, sécurité et conditions du travail Claude Loiselle a quant à lui, insisté sur l'importance d'adopter une démarche préventive afin d'éviter à la fois les pertes humaines des accidents dont les coûts économique et social ne sont pas à ignorer. «Le G20 et le G7 ont fait de la santé au travail une priorité. Il s'agit d'une prise de conscience mondiale dans ce sens». Cette culture préventive est par ailleurs inscrite dans la convention n°187 que le Maroc a ratifiée et qui stipule entre autres la nécessité de promouvoir la recherche et l'évaluation des risques dans le domaine de la SST. A noter que dans c'est dans cet objectif même que le Maroc a procédé en 2010 à la création de l'Institut national des conditions de vie au travail (INCVT). «Nous accordons une importance stratégique à cet institut et à son bon fonctionnement, de sorte qu'il devienne la référence en matière de recherche, de conseil et de développement des mesures de prévention des risques professionnels», affirme Abdeslam Seddiki avant de promettre que cela va se concrétiser dans les quelques semaines qui viennent. En somme, à l'heure actuelle, les textes dédiés aux SST, bien que existants, sont appelés à être revus de façon à garantir aux travailleurs un accès facile à leurs droits. Si l'on se base sur les observations des participants au séminaire, le nombre des professionnels dans ce domaine est en nette progression alors que l'accès aux services de santé et de sécurité au travail reste en deçà des aspirations.