La santé et la sécurité au travail sont devenues des enjeux de compétitivité majeurs pour les entreprises. La non-prévention des risques de travail se traduit souvent par une facture salée d'un point vue économique et social. Sur le volet de la promotion de la santé et la sécurité au travail, le Maroc fait moins bien que la Tunisie et la plupart des pays du Moyen-Orient. La santé et la sécurité au travail constituent de nos jours un paramètre contextuel clef pour la compétitivité des entreprises. Pour cause, les accidents de travail peuvent occasionner des journées non travaillées avec un coût social et économique très élevé (drames liés aux handicaps à vie, décès, indemnisation, etc.). Vu l'importance de cette thématique dont l'intérêt suscité au Maroc n'est plus à démontrer, la Fédération marocaine de l'électricité, (Femadel), a organisé récemment une rencontre mettant en exergue le rôle crucial de la santé et de la sécurité au travail pour la compétitivité des entreprises marocaines. Cette manifestation s'est tenue sous l'égide du ministre de l'Emploi et des Affaires sociales, Abdeslam Seddiki, et en présence des représentants d'acteurs majeurs oeuvrant dans le domaine de l'électricité au Maroc (ONEE, LYDEC, etc.). «La santé et la sécurité ne doivent en aucun cas être sacrifiées sur l'autel du profit des entreprises», martèle le ministre. Et d'ajouter : «il est insupportable que des travailleurs marocains continuent de mourir sur leurs lieux de travail». Cela dit, l'électricité est la source énergétique la plus répandue au Maroc. Or, il se trouve qu'en raison de sa dangerosité, les accidents de travail qu'elle provoque sont souvent mortels et provoquent de lourds handicaps aux victimes. D'où l'impératif pour les entreprises de mettre en place une réelle politique et un management des risques. Ce qui passe par la prévention et la formation du personnel sur les risques qui le guettent quotidiennement. Abdeslam Seddiki a par ailleurs affirmé avec force que l'Etat par le biais de mesures normatives et coercitives, sera intransigeant face aux négligences des entreprises qui causent souvent des pertes de vies humaines. Par ailleurs, il est important de noter qu'outre le secteur de l'électricité, le BTP est une industrie qui cause beaucoup d'accidents de travail. Cela étant rappelé, à en croire Abdeljalil El Kholti, Directeur général de l'Institut national des conditions de vie au travail, le Maroc n'est pas dans une bonne posture sur le volet de l'amélioration de la santé et de la sécurité au Travail en comparaison à d'autres pays à développement similaire. Une grande marge de progression Dans le classement des pays leaders en matière d'amélioration de la santé et de la sécurité au travail, le Royaume est par exemple derrière la Tunisie. Il existe deux fois plus de risques d'accidents de travail au Maroc que dans la plupart des pays du Moyen-Orient. Ce qui atteste clairement que ce domaine doit être révolutionné dans le pays. Toutefois, prenant la mesure de ce handicap, le Maroc a ratifié la convention 187 destinée à promouvoir la santé et la sécurité au travail. En cela, Abdeslam Seddiki a annoncé lors des débats qu'une liste relative aux différentes maladies de travail sera incessamment publiée pour mieux les prendre en charge. A cela s'ajoute que désormais les Divisions régionales du travail comportent un organe spécialisé dans la santé et la sécurité au travail. De là, force est de constater qu'une réelle prise de conscience s'opère au Maroc, ce qui est d'autant plus nécessaire que les chiffres du Bureau international du travail (BIT) donnent froid dans le dos. Les accidents de travail coûtent 4% de PIB au monde. Toutes les 15 secondes, un travailleur meurt à cause des risques inhérents à son travail. Ce qui fait un total de 6.000 morts par jour. Les nuisances professionnelles constituent un réel défi même pour le Vieux continent qui avait enregistré 5.580 accidents ayant causé la mort en 2008. Lors des échanges, certains intervenants ont aussi souligné que les mesures de prévention des risques d'accident de travail ont certes un coût mais pas de prix. C'est dire leur importance pour éviter les pires drames sociaux liés à la mort d'un travailleur prenant en charge une famille entière. «On part travailler pour gagner sa vie et non pas pour la perdre», martèle Ahmed Rahmani, président de la Commission des ressources humaines de la Femadel. Outre cette dimension sociale, Abdeljalil El Kholti a fait remarquer qu'en France, 1 euro investi dans la prévention des risques et dans la promotion de la santé au travail rapporte 2,2 euros à l'entreprise. En définitive, il est clair qu'au Maroc, l'amélioration de la santé et de la sécurité au travail devrait être facilitée par une vaste campagne de sensibilisation auprès des PME et des TPE dont certaines d'entre elles n'ont pas encore pris la mesure de l'importance de prévenir les risques au travail et de promouvoir la santé.