Mohamed Melehi, l'une des figures incontournables de l'art marocain, revient à la Loft Art Gallery de Casablanca avec une nouvelle exposition particulière et surprenante. Elle s'intitule «Spontané/Simultané», prévue du 10 décembre 2015 au 9 janvier 2016. Meryem Berrada, responsable de Loft Art Gallery, a confié à ALM que «cette exposition réunit une trentaine d'œuvres récentes jamais exposées auparavant. À travers cette exposition, Melehi présente un travail spontané, réfléchi et synthétisé. Bref, un travail qui fait partie de son état d'âme». Il faut dire que les toiles de Melehi ne cessent d'évoluer d'une exposition à l'autre. Dans ses œuvres récentes domine le désir d'établir un lien, voire des liens, avec le temps, le temps vécu avec la toile et en dehors d'elle. Il cherche à établir des relations spontanées, ce qui dénote d'une interaction vivante, tout comme il cherche à établir des relations d'interférence et de simultanéité entre les œuvres. Ainsi se transforme la relation que Mohamed Melehi noue avec sa toile, avec ce qui la constitue, puisqu'il se contentait précédemment de son espace, avec sérénité et recueillement, sans compter son temps. «Avec ses dernières œuvres, l'état d'esprit de Mohamed Melehi a changé : plus à l'écoute de ce qui se déroule autour de lui, plus à l'affût de ce qui l'entoure. C'est un Mohamed Melehi nouveau, inégalé dans son art, ainsi il vit en peignant et peint en vivant. Au cœur des formes palpite une vie, de quoi relier les artères aux étendues de couleurs», peut-on lire dans une note d'information. Mohamed Melehi n'est plus à présenter. Il est l'un des artistes qui ont mis un point d'honneur à instiller une part de leur identité propre dans leurs créations. Aujourd'hui considéré parmi les pionniers de l'art moderne au Maroc aux côtés d'Ahmed Cherkaoui, Jilali Gharbaoui et Farid Belkahia, il a été à l'origine d'un dialogue esthétique entre héritage culturel et culture visuelle postcoloniale. Né en 1936 à Asilah, il fait ses études à l'école des beaux-arts de Tétouan et de Paris. Son parcours se poursuit à Séville et à Madrid en 1955, puis en Italie, en France et enfin à New York, en 1962. Là-bas, les rues grouillantes de monde et la vie artistique florissante ont largement inspiré l'artiste. Ses travaux de l'époque américaine sont issus d'une palette de couleurs qui rappelle les tons du Blues et du Jazz, musiques que le peintre affectionne particulièrement. Grand amateur de Miles Davis, Melehi n'en est pas moins resté fidèle à ses racines marocaines, à travers l'utilisation de l'encre bleue, du bordeaux intense, de l'orange vif et désertique, ou encore, du henné. Il devient professeur de 1964 à 1969 à l'école des beaux-arts de Casablanca. Il fonde et dirige en 1971 la revue artistique et littéraire intégrale. Il a longtemps été directeur des arts au ministère des affaires culturelles, et, de 1985 à 1992, Mohamed Melehi est nommé directeur des arts au ministère de la culture. L'Institut du monde arabe lui a consacré une rétrospective en 1995 et ses œuvres sont exposées et vendues des Etats-Unis au monde arabe, en passant par l'Europe. Elles sont aussi présentes au MOMA de New-York et au Centre Georges Pompidou à Paris.