Les syndicats ne désespèrent pas. Malgré la mobilisation d'un nombre plutôt restreint pour une marche nationale, les syndicalistes veulent continuer la protestation. «Le gouvernement doit revenir à la sagesse», affirme Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'Union marocaine du travail. Aux côtés d'autres leaders syndicaux, il a marché contre la politique gouvernementale dimanche 29 novembre à Casablanca. Ils ont été probablement quelques dizaines de milliers de personnes, bien loin des 500.000 marcheurs annoncés par les organisateurs, à répondre à l'appel lancé par quatre centrales syndicales du pays. En effet, la Confédération démocratique du travail (CDT), la Fédération démocratique du travail (FDT) et l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) sans oublier l'UMT avaient décidé une série d'actions de protestation contre le gel de leur dossier revendicatif. L'absence d'une revalorisation des revenus dans le projet de loi de Finances et l'imminence de la réforme paramétrique du régime civil de la Caisse marocaine des retraites (CMR) sont la goutte qui a fait déborder le vase pour les syndicats. La marche de Casablanca a été l'occasion pour les syndicalistes d'afficher leur mécontentement. «Nous estimons que le pari d'une marche pacifique, civilisée malgré un contexte international bien particulier, a été relevé pour les syndicats. Au-delà des chiffres sur les participants, je pense que la marche a été hautement représentative vu le nombre des participants venus des quatre coins du Royaume et issus de pratiquement tous les secteurs économiques du pays», ajoute Moukharik. Ils étaient dans ce sens nombreux à parcourir des centaines de kilomètres pour prendre part à la marche. Mobilisation Nora Moustahi, déléguée syndicale UMT chez un grand constructeur automobile à Tanger, a marché dimanche à Casablanca. «Cela fait deux semaines que nous avons commencé les préparatifs au niveau de la région de Tanger. Nous avons tenu à participer pour lancer un appel au gouvernement afin de revenir à la raison et privilégier le dialogue avec les syndicats avant de prendre une quelconque décision», dit-elle. De leur côté, les responsables du gouvernement affirment que le dialogue n'a jamais cessé avec les syndicats. Abdelhaq Arabi, conseiller du chef de gouvernement, était le premier à réagir sur l'organisation de la marche. Ce dernier a de nouveau affirmé que la décision sur la réforme de la CMR est déjà prise ajoutant que les projets de lois y afférents seront très bientôt adoptés par le Conseil de gouvernement avant d'être transférés au Parlement. Arabi a, par ailleurs, soulevé la question des participants à la marche qui, selon lui, ne sont pas tous venus défendre une cause syndicale. Il faut dire qu'en plus des syndicats, d'autres associations et des partis politiques avaient pris part à la marche. Aux militants de la CDT, la FDT, l'UMT et l'UGTM, se mêlaient des instituteurs stagiaires, les médecins résidents ainsi que les membres du collectif des diplômés chômeurs. «Nous l'avons voulue une marche ouverte à toutes les personnes et les parties qui se sentent lésées par la politique impopulaire du gouvernement. Je dirais que la tension sociale atteint un point tel que de nombreuses personnes se sont spontanément impliquées dans la marche de dimanche», souligne le numéro un de l'UMT. Et de conclure : «Le gouvernement doit rapidement tirer les conclusions afin de sortir de cette situation qui n'est dans l'intérêt de personne». A noter enfin que toutes les autres actions de protestation sont maintenues par les syndicats qui prévoient notamment un rassemblement des ouvriers le 8 décembre prochain et une grève nationale dans la fonction publique et les collectivités locales deux jours après. Un sit-in est également annoncé à Rabat mais la date n'a pas encore été fixée.