L'hypertension artérielle gagne du terrain au Maroc. Selon une récente étude de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS), le nombre de personnes atteintes d'hypertension artérielle aiguë (HTA) déclarées à la Caisse est passé de 20.739 en 2008 à 43.856 en 2014, soit une augmentation globale de 111% en l'espace de 6 ans. En moyenne, 4.843 personnes assurées déclarent annuellement, pour la première fois, une HTA aiguë à la CNOPS sur la période 2008-2014, ce qui équivaut à un taux d'incidence annuel moyen de 1.740 personnes pour un million d'assurés. Cette explosion du nombre des malades atteints d'HTA a retenti sur les dépenses de soins. Celles-ci sont passées de 174 millions DH en 2008 à 382 millions DH en 2014, ce qui représente une hausse globale de 120% sur la période 2008-2014 et un taux d'évolution annuel moyen de 15%. Ces dépenses représentent ainsi 10% des dépenses totales de soins de la CNOPS en 2014 contre 7% en 2008. Il est important de noter que le nombre annuel moyen de dossiers par personne sinistrée hypertendue est de 9 sur la période de l'étude, du fait de la chronicité de leur maladie, alors que celui par bénéficiaire de l'AMO-CNOPS sinistré est de 3,7 dossiers. Dans son étude, la Caisse tient à préciser que bon nombre de malades atteints d'HTA sont aussi porteurs d'une ALD/ALC. Le pourcentage de ces personnes a doublé en passant de 27% en 2008 à 54% en 2014. Le diabète est la pathologie la plus associée à l'HTA. En effet, 42% des personnes hypertendues sont diabétiques en 2014. L'étude souligne également que 4,5% des patients atteints d'HTA ont une maladie coronaire, 3,4% présentent du glaucome chronique, 2,3% sont atteintes de tumeurs malignes. Autre constat : les femmes sont plus touchées que les hommes. Elles représentent 54% contre 46% pour les hommes. La prévalence augmente fortement avec l'âge pour atteindre un maximum de 9,9% chez les femmes âgées de 65-70 ans et de 7,5% chez les hommes du même âge. L'étude de la CNOPS a enregistré une prépondérance des assurés pensionnés parmi les personnes hypertendues (63%), suivis des assurés actifs qui représentent 19%, les conjoints des pensionnés avec 15% et les conjoints des actifs avec 3%. Pour ce qui est des régions les plus touchées par la maladie, l'étude indique que le Grand Casablanca arrive en tête avec un taux de prévalence de 2,32%. Viennent ensuite les régions de RabatSalé-Zemmour-Zaër (2,15%), Fès-Boulemane (1,74%), Gharb Chrarda Beni Hssen (1,65%) et Tanger-Tétouan (1,50%) . Ces taux élevés peuvent être expliquées par plusieurs facteurs : le mode de vie, le taux de déclaration à la CNOPS, le stade de l'HTA ouvrant droit à exonération, la disponibilité de l'offre de soins… L'HTA fait des ravages. Elle tue actuellement 9 millions de personnes par an. Elle est l'un des principaux déterminants des maladies cardiovasculaires (insuffisance cardiaque, infarctus de myocarde, accidents vasculaires cérébraux...). La néglige peut causer de graves complications comme l'insuffisance rénale, la baisse de l'acuité visuelle, voire la cécité. La prévention constitue le meilleur moyen pour lutter contre cette pathologie en ciblant en priorité les personnes âgées de plus de 50 ans et les personnes à risques (diabétiques, femmes enceintes, personnes obèses…).