Aussi choquant que cela puisse paraître, encore 9% des Marocains en milieu rural s'adonnent à la défécation en plein air. Rappelons qu'ils étaient 38% à y recourir en 1990. C'est ce qui ressort du rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), intitulé «Progrès en matière d'assainissement et d'eau potable : mise à jour et évaluation des OMD, rapport 2015». Cette pratique n'est pas sans conséquence sur la santé. «La défécation en plein air est également liée à un risque plus élevé de retard de croissance ou de malnutrition chronique», indique l'OMS dans son rapport. En mai 2014, les Nations Unies avaient pointé du doigt cette pratique lors du lancement d'une campagne mondiale pour y mettre fin. «La défécation en plein air pose un risque pour la santé associé à la propagation de maladies, comme la diarrhée. Elle met aussi les femmes et les filles face au risque de violence sexuelle et de harcèlement», avaient déploré les Nations Unies. Cette campagne qui se déroulera jusqu'à la fin de 2015 vise à faire prendre conscience au public de réalité de cette pratique et à briser le silence. Toujours selon le rapport, 23% de la population en milieu rural manque encore de toilettes. Malgré ces défis, le Maroc a réalisé d'importants progrès en matière d'assainissement. En effet, le taux de couverture national en installations sanitaires améliorées a atteint les 77% en 2015, contre 52% en 1990. En milieu rural, des avancées notables ont été enregistrées depuis 25 ans où l'on est passé de 26% d'installations améliorés en 1990 à 66% actuellement. S'agissant de l'accès à l'eau potable, le Maroc devrait bientôt atteindre les OMD. La couverture nationale est établie à 85%, contre 73% en 1990. Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire dans le milieu rural.Selon le rapport, seulement 23% ont accès à l'eau depuis leur maison. Les défis sont de taille. Rappelons à ce sujet qu'en 2011, la Banque mondiale avait publié un rapport alarmant sur la situation au Maroc en révélant que près de 2 millions d'habitants des zones semi-urbaines des grandes villes n'avaient pas accès aux services d'alimentation en eau et d'assainissement. Pour la ville de Casablanca, l'instance onusienne avait estimé que 145.000 ménages, soit 900.000 habitants, s'approvisionnaient en eau dans des puits ou des bornes-fontaines. L'OMS et l'Unicef affirment qu'un individu sur trois dans le monde, soit 2,4 milliards de personnes, vit toujours sans installations sanitaires. Sur ce total, 946 millions pratiquent la défécation en plein air. «Bien que 2,1 milliards de personnes aient obtenu accès à un assainissement amélioré depuis 1990, le monde a manqué la cible des OMD. Pour l'atteindre, il aurait fallu couvrir près de 700 millions de personnes supplémentaires. Aujourd'hui, seulement 68% de la population mondiale utilise une installation d'assainissement améliorée, soit 9 points de moins que la cible de 77% des OMD», peut–on lire dans le rapport. L'OMS et l'UNICEF affirment qu'il est essentiel de tirer des leçons des progrès inégaux de la période 1990-2015 et de veiller à ce que les plans des nouveaux Objectifs de développement durable (ODD) réduisent les inégalités et permettent de parvenir à l'accès universel en matière d'eau et d'assainissement.