Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a parlé. Pour sa toute première prise de parole institutionnelle, il a invité les opérateurs de téléphonie mobile à agir, notamment dans le domaine de la publicité, d'une manière qui respecte la concurrence loyale et les règles déontologiques communément admises. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a parlé. Pour sa toute première prise de parole institutionnelle, il a invité les opérateurs de téléphonie mobile à agir, notamment dans le domaine de la publicité, d'une manière qui respecte la concurrence loyale et les règles déontologiques communément admises. Le conseil constate également que la publicité au Maroc souffre d'un vide juridique qu'il entend, selon les attributions qui sont les siennes, combler dans un avenir certainement proche. Voilà pour la première sortie du CSCA, elle est modeste, mais elle constitue malgré tout un premier pas assez intéressant. Les sages, mine de rien, ont mis le doigt sur une tare rédhibitoire de notre système économique qui est à l'origine de beaucoup de dysfonctionnements, d'injustices et de situations proprement scandaleuses. La concurrence chez nous n'est que déloyale. C'est comme cela qu'elle est comprise et pratiquée. Notre arsenal juridique en la matière est à l'image de notre économie, c'est-à-dire, sous développé. Le Conseil de la concurrence lancé il y a quelques années avec beaucoup de tapage dort du sommeil du juste. Son président, conscient de l'inutilité de ce machin supplémentaire, a claqué la porte. La loi qui lui a donné naissance est morte avant de naître et inversement. Le vide juridique que nous connaissons, et que le jeune CSCA a pointé, constitue, en vérité, la nature même de notre système commercial. Des investissements peuvent partir en fumée, des emplois perdus, des produits bradés, des concurrents liquidés et, au final, des consommateurs arnaqués, la loi ne dit rien ou presque. Des entreprises sérieuses avec des bataillons de juristes ont dû fermer boutique, car on leur demandait de jouer à un jeu sans règles, sans loyauté, sans arbitre et sans éthique. On ne peut pas continuer à se gausser du fait que nos portes sont ouvertes à l'investissement, notamment international et piéger ceux qui ont cru en nous, de bonne foi, dans une jungle où comme chacun sait le gros mange le petit, le plus introduit élimine le moins en vue, le plus fort écrase le moins fort que lui et le plus «ristourneur» chasse le moins généreux. La loyauté n'est pas une valeur naturelle dans le business. L'éthique et la morale non plus. Quant à la citoyenneté de l'entreprise, c'est du bidon. Ce ne sont là que des sornettes que le serpent venimeux utilise pour mieux fondre sur sa proie tétanisée. Dans un véritable Etat de droit économique, c'est la loi qui veille à l'égalité entre les opérateurs économiques. Elle doit leur garantir, par sa force, un cadre concurrentiel sain dans lequel tout contrevenant est puni d'une manière exemplaire. Les incantations morales ou éthiques, les proclamations citoyennes, ou les fanfaronnades écologiques n'ont jamais trompé personne. Nous sommes encore et probablement pour un bon bout de temps dans un système non régulé où ni la concurrence, ni les monopoles, ni les ententes tacites et illicites ne sont stigmatisés. Le premier communiqué du CSCA lève un lièvre énorme. Au deuxième communiqué, s'il est de la même eau, il risque de se faire dissoudre. Personne dans notre cher pays n'admettra que des types, à qui l'on n'a rien demandé, fourrent leurs nez dans des affaires de gros sous et de gros intérêts. On ne rigole pas avec ça ! Nos sages doivent faire très attention à eux, on achète des gens pour moins que ça, chez nous…