«Le gouvernement ne demandera pas une hausse des cotisations de retraite, nous voulons une baisse de l'IR (Impôt sur le revenu) en contrepartie». Les propos émanent de Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'Union marocaine du travail. C'est donc un donnant-donnant revendiqué par les syndicats. C'est la raison pour laquelle la commission des retraites réunie lundi dernier a finalement été suspendue alors qu'elle devait se poursuivre trois jours. Les centrales syndicales se font donc plus claires. Point d'accord sur la réforme du régime des pensions civiles de la Caisse marocaine des retraites (NDLR : régime réservé aux fonctionnaires de l'Etat et collectivités locales) en l'absence d'une contrepartie sur les plans des salaires et de la fiscalité. «Il faut que le gouvernement revoie à la baisse l'IR, c'est d'ailleurs de cette manière que nous avons pu sauver les Caisses de retraite une première fois en 2003», explique le numéro un de l'UMT. Indissociable Les syndicalistes pensent que le gouvernement doit faire un effort comme il demande aux fonctionnaires d'en faire de même. Pour les centrales, les négociations sur la réforme de la CMR doivent se faire dans le cadre d'un pack plus global. Elles considèrent dans ce sens que le dossier de la retraite est indissociable de celui des salaires et de l'IR notamment. Si la commission de retraite a été suspendue, les syndicats ont voulu faire preuve de bonne volonté en maintenant leur participation aux travaux des autres commissions. En effet, les représentants des centrales devaient rencontrer les responsables des ministères de l'intérieur et de la justice dans le cadre de la commission des élections professionnelles. Une commission qui doit plancher sur les préparatifs pour les élections. Même si le prochaines échéances électorales sont pleines d'enjeux pour les centrales elles-mêmes, elles le sont beaucoup moins pour leurs bases. C'est d'autant plus vrai que les secrétaires généraux des syndicats les plus représentatifs ne pourront pas affronter les fonctionnaires et les salariés le 1er mai prochain à l'occasion de la Fête du Travail sans de nouveaux acquis sociaux.
Dernière chance Les syndicalistes savent ainsi que le sort du dialogue social se jouera les 2 et 3 mars. La commission des négociations sectorielles doit rassembler, dans ce qui ressemble à la réunion de la dernière chance, le gouvernement avec les syndicats. Ces derniers seront reçus en compagnie des représentants de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) lundi prochain par Abdeslam Seddiki, ministre de l'emploi et des affaires sociales, pour les revendications du secteur privé. Au menu, législation du travail, libertés syndicales mais aussi IR et salaires. Quant aux revendications du secteur public, les syndicats ont rendez-vous le lendemain avec Mohamed Moubdii, ministre délégué en charge de la fonction publique et de la modernisation de l'administration. Au cours de cette réunion, il sera également question des salaires. Ce sont les résultats de ces deux réunions qui détermineront la suite. Deux scénarios sont envisageables. Soit les partenaires sociaux arriveront à un terrain d'entente et la réforme de la CMR aura lieu sans grand embarras, soit les négociations échoueront et le gouvernement devra foncer tout seul dans la réforme sans soutien même symbolique de la part des syndicats. Ces derniers se préparent déjà à toutes les éventualités. Plusieurs centrales ont déjà convoqué leurs conseils nationaux les 7 et 8 mars.