On connaissait déjà nos stades comme étant de véritables poudrières. Si, en plus, on y ajoute l'ingrédient politique, on peut aisément imaginer ce que cela peut donner. D'ailleurs, on en a eu quelques prémices inquiétantes ces deux dernières semaines. Pas plus tard que mercredi dernier, le président de la fédération de football, Fouzi Lekjaa, allumait lui aussi la dernière mèche dans le chaudron en menaçant, à demi-mot, qu'il était capable de suspendre la compétition «jusqu'à ce que les choses reviennent à la normale». Le président de la fédération faisait évidemment allusion à la tempête qui avait suivi les déclarations du chef de gouvernement Abdelilah Benkirane, où ce dernier mêlait tour à tour les «bandes de baltajia», le Wydad et le PAM. Il n'en fallait pas moins pour susciter la colère du peuple de frimija… Certes, les propos de Fouzi Lekjaa, lors de sa conférence de presse du mercredi 18 février, sont venus plus en réponse à la tentative dangereuse des politiques d'investir les gradins et peuvent être mus par son intention de préserver le foot. Il n'en demeure pas moins qu'ils n'ont fait qu'attiser le feu puisque dès le lendemain, il s'est vu littéralement bombardé dans certains médias et accusé «d'enliser le foot dans le marécage politique». Un des ténors du PJD, en l'occurrence le turbulent Abdelaziz Aftati, a même défié le président de la FRMF de pouvoir suspendre la Botola tout en l'accusant, une fois de plus, comme il l'a fait sur un site d'information arabophone, de rouler pour le PAM. Visiblement, certains politiciens, même s'ils sont conscients du danger de leur amalgame, ne sont pas prêts à quitter leur nouveau champ de bataille que sont devenus les stades et surtout les gradins. Des gradins où des publics comme celui de la magana, frimija, les hellala boys et autres jeunes fanatiques de foot jusqu'à la moelle ont démontré à plusieurs reprises qu'ils ne sont pas insensibles aux vents de la politique et qu'ils peuvent même réagir violemment et de manière inattendue. On l'avait vu, il n'y a pas si longtemps, quand, au lendemain des tragiques incidents en France, le public des Verts, à l'occasion d'un match, a scandé pendant plusieurs minutes «le peuple dit, tout sauf le Prophète !» (Achaab Yakoul Illarrassoul). Si ces milliers de jeunes ont réagi aussi violemment à un fait qui ne les touchait pourtant pas directement, on vous laisse imaginer ce dont ils seraient capables, à l'intérieur comme à l'extérieur des stades, s'ils se sentent directement visés par les propos des politiques. Alors un modeste conseil à notre classe politique: il serait plus sage de laisser le peuple du foot vivre sa passion tranquillement, vous avez le Parlement pour vous bagarrer…