El Arifia Khammar se lance dans la conquête électorale de la ville de Settat. Se présentant sous les couleurs du PML, cette battante est tête d'une liste composée exclusivement de femmes. ALM : Qui est El Arifia Khammar ? Khammar El Arifia : Une femme de la région de la Chaouia et plus exactement de la ville de Settat. Enseignante titulaire d'une licence en linguistique (1986) et d'un DEA en didactique (1990), j'ai suivi une formation doctorale à Paris en 1994. Puis par la suite j'ai passé un stage au Centre international des études pédagogiques à Sèvres dans la capitale française en 1999. Actuellement je prépare une autre licence en droit tout en exerçant au sein de l'association « la Chaouia » en tant que membre de la commission sociale. Vous êtes tête d'une liste composée exclusivement de femmes. Que signifie ce choix ? Pour moi, c'est une liste normale qui n'a rien d'exceptionnel. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il existe des listes composées uniquement d'hommes, alors pourquoi pas la femme. Mais il faut dire que c'est grâce à l'homme (du moins dans notre région) qui n'a rien d'un misogyne que cette liste a vu le jour. Le problème de quota n'a jamais été posé. D'ailleurs, la plupart des femmes dans cette liste sont mariées et encouragées à intégrer les élections par leurs époux. D'un autre côté, j'ai personnellement tenu à cette exclusivité parce que la femme, dans les élections, a toujours été utilisée par les candidats comme un outil ou un objet mais jamais en tant que sujet à part entière. Le penseur marocain Abdellah Laroui avait écrit que le degré de développement atteint par l'Europe occidentale a eu lieu grâce à la pluie et à la femme ; L'homme de la Chaouia avait saisi cette donne depuis bien longtemps. Est-ce pour ces raisons que dans votre liste figurent des bonnes ? D'abord ce ne sont pas des bonnes, ce sont des ménagères. Pour nous, le mot «bonne» a un sens péjoratif. Ce sont des femmes comme les autres, aptes à travailler honnêtement. Elles débordent de bonne volonté, disposent d'un certain sens du travail sérieux et savent parfaitement ce que signifie un engagement. Je vous cite un exemple vivant. Fatima Babore, âgée de 71 ans est la doyenne de notre liste. Cette femme est une grande experte dans le travail artisanal. Elle gère ses affaires comme si elle avait fait des études spécialisées. Elle prend des crédits et traite avec des établissements financiers et s'en tire parfaitement. Du reste, dans la région de la Chaouia, les femmes ont toujours travaillé en synergie avec les hommes. Du foyer au souk en passant par les champs. De l'école à la fonction publique et au privé, l'homme de la Chaouia n'a jamais été complexé par la présence de la femme à ses côtés à titre égal. Dans notre région, il n'existe aucune association féministe pour la simple raison que la femme n'a jamais souffert d'inégalité. Notre liste est donc soutenue aussi bien par les hommes que par les femmes. Mais cette initiative constitue surtout une réponse à l'appel de SM le Roi qui insiste sur l'implication de la femme dans la gestion de la chose publique. Qu'est-ce qui justifie votre choix des couleurs du Parti marocain libéral (PLM) ? Parce que le PML est un parti qui ne marchande pas les candidatures. Le PML n'a pas couvert la totalité de la carte électorale au niveau national car il ne part pas à la chasse aux candidats comme le font d'autres partis. En plus, il ne laisse pas le champ libre devant les coordonnateurs du parti pour qu'ils fassent ce qu'ils veulent en matière de candidatures sur le plan local. En somme, le PML mise beaucoup plus sur la qualité que sur la quantité. Nous intégrons ces élections avec la conviction de pouvoir assumer nos responsabilités basées particulièrement sur la proximité. Vous vous êtes présentée à deux reprises sous les couleurs du Mouvement national populaire (MNP). Pourquoi avoir rompu avec ce parti ? Effectivement je me suis déjà présentée en 1992 et en 1997 avec le MNP. C'était l'échec à deux reprises. Il faut reconnaître que les mentalités n'étaient pas les mêmes. A présent, c'est un autre système électoral, un autre mode de scrutin et surtout un autre état d'esprit. Pour ce qui est de mes relations avec le MNP, il y a longtemps (bien avant ces nouvelles donnes) que j'ai gelé mes activités au sein de ce parti à cause de certaines choses que je n'aimerais pas citer pour éviter une éventuelle dérive vers un quelconque dénigrement. Mais cela se limitait sur le plan local, car avec le leader du MNP, en l'occurrence M.Aherdane, je n'ai jamais eu de problème. J'ai beaucoup d'estime pour ce monsieur qui m'a toujours respectée.