Un ministre a-t-il le droit de s'exprimer et de dire ce qu'il veut même en désaccord ? Bien sûr que oui. Cela ne lui donne pas le droit pour autant de maquiller une vérité pour s'extirper et décliner toute responsabilité. Ce fut le cas de notre ministre de la jeunesse et des sports, Mohamed Ouzzine, qui a déclaré, sans avoir froid aux yeux, que les images et les vidéos diffusées sur la Toile montrant quelques subalternes essorer le gazon avec des éponges et des seaux de peinture remontaient au mois d'août et parvenaient de quelques mauvaises personnes qui cherchent à souiller l'image du Maroc en tant que pays organisateur du Mundialito. Cette déclaration a provoqué un véritable tollé. Pour un grand nombre de personnes, la déclaration du ministre représente la goutte de pluie de trop. La parenthèse de l'euphorie du match d'ouverture vite refermée après la disqualification du MAT, la réalité du terrain a pris alors le dessus et les interrogations pullulent. Pourquoi le ministère de la jeunesse et des sports et son valeureux chef Ouzzine s'obstinent-ils à reconnaître leur part de responsabilité ? C'est encore la faute à Voltaire ? Mais de toutes ces questions, c'est l'avenir sportif du pays qui cristallise naturellement toutes les craintes des Marocains. Et comme pour pallier la grogne des citoyens qui appellent à la démission de tous les responsables de cette organisation catastrophique, ledit ministère a indiqué dans un communiqué qu'une commission interministérielle a été mise en place pour enquêter sur les circonstances de la détérioration de la pelouse du complexe Moulay Abdellah de Rabat samedi dernier, suite aux fortes précipitations qui se sont abattues sur la capitale, lors du quart de finale du Mondial des clubs de football. La commission, composée des ministères de l'intérieur, de l'économie et des finances et de la jeunesse et des sports, sera chargée d'enquêter dans cette affaire, d'identifier les responsabilités et de clarifier les raisons et les motifs des choix et des décisions, y compris celles techniques, et ce, dans le cadre de la corrélation entre responsabilité et reddition des comptes, souligne le communiqué. Le ministère assure à ce propos que toute personne dont l'implication dans cette affaire sera prouvée, sera sanctionnée. Car il faut bien trouver un bouc émissaire. A quoi mèneront ces enquêtes ? Nul ne le sait. Le sport marocain dans l'irrésolution a montré ses limites organisationnelles. Pourtant, la 11ème édition du Mundialito, la deuxième d'affilée en terre marocaine, était présentée comme étant celle de la résurrection et de l'embelissement de l'image du sport national à en croire les différentes déclarations des responsables. Les morceaux du puzzle commençaient à s'imbriquer après avoir soigneusement préparé la cérémonie d'ouverture pour faire oublier celle de l'année passée qualifiée de pathétique... mais ce n'était que poudre aux yeux. Ouzzine n'en est donc pas à son coup d'essai. Des mois et des mois de préparations, de constructions, d'aménagement se sont ainsi résumés et volatilisés en de courtes minutes. Après que nous avons été ridiculisés et en direct par les plus grandes chaînes de télévision sportives dans le monde, la FIFA a décidé de délocaliser le match opposant le Real Madrid à Cruz Azul, initialement prévu au complexe sportif Prince Moulay Abdellah, au Grand Stade de Marrakech. Pourvu que les choses rentrent dans l'ordre et que les personnes directement impliquées dans ce scandale soient loyalement jugées. Car, in fine, ce n'est pas aux contribuables de payer l'irresponsabilité de ces messieurs.