«Le modèle actuel de l'école marocaine est dépassé», a déclaré Rachid Belmokhtar, hier mardi, à l'occasion du 7ème forum international du dialogue politique ayant pour thème «Les enseignants dans l'agenda international de l'éducation post-2015». S'exprimant lors de la cérémonie d'ouverture du forum, le ministre a souligné que l'école devrait, avant tout, faire de l'enseignant «un vecteur d'éducation». Selon Rachid Belmokhtar, ce volet éducationnel ne saurait être introduit sans une réforme de la formation des enseignants. «Actuellement, nous formons des personnes pour enseigner et non pour éduquer, c'est l'un des problèmes majeurs de notre système éducatif», a-t-il expliqué. Le ministre a ainsi prôné une réforme radicale du processus de formation des enseignants, modifiant non seulement la durée de leur cursus mais également son contenu et sa qualité. «Pendant longtemps, parler des enseignants était un sujet tabou. Pourtant, aucun changement ne serait possible sans cela puisqu'ils sont au centre du système éducatif», a ajouté le ministre. Cette réforme devrait aussi toucher les enseignants en fonction qui devront bénéficier, selon Belmokhtar, de formations au sein des écoles qui «les transformeront en agents capables d'évoluer et d'apprendre». L'un des maux dont souffre l'éducation nationale est lié, selon le ministre, aux méthodes d'apprentissage et d'évaluation des élèves. Comparant les cours dispensés dans les classes du Royaume à une pièce de théâtre qui n'aurait qu'un seul acteur, le ministre a affirmé que «l'école marocaine est complètement décalée par rapport à son environnement». Selon lui, le contexte de mondialisation, d'ouverture et de facilité d'accès à l'information impose une révision des méthodes d'apprentissage dans les établissements du Royaume. Belmokhtar a donc d'un côté appelé à axer l'évaluation des élèves sur leur aptitude à trouver l'information plutôt qu'à la mémoriser, et de l'autre, à sortir du cadre limité des matières et d'intégrer les connaissances des élèves dans un contexte plus large. «Si l'on prend l'exemple des mathématiques, au lieu d'apprendre aux élèves à étudier une fonction, comme on l'a toujours fait, on devrait plutôt leur apprendre ses différentes utilisations dans les domaines de l'économie, de la physique ou des sciences humaines», a-t-il poursuivi. Outre l'intervention du ministre relative au cas précis du Maroc, le forum, dont les travaux ont débuté, hier mardi, et devraient s'étaler jusqu'au 19 décembre, s'intéresse plutôt à des questions globales liées à l'enseignement. Selon les chiffres de l'Unesco, pour atteindre l'objectif «Education pour tous» en 2015, il faudrait pallier un manque de près de 1,6 million d'enseignants. «Il y a un besoin urgent d'enseignants. Cette profession attire de moins en moins de candidats à cause de son statut non attrayant», a déclaré Michael Millward, directeur du bureau de l'Unesco à Rabat. Ainsi, trois questions seront au centre de ce septième Forum international du dialogue politique organisé par l'Equipe spéciale sur les enseignants rattachée à l'Unesco: L'inclusion et l'équité dans les politiques et pratiques en faveur des enseignants, l'innovation dans l'enseignement et dans la formation des enseignants, et le statut professionnel des enseignants. Il faut, par ailleurs, noter que cette rencontre internationale a pour principal objectif de préparer le Forum mondial sur l'éducation 2015 (FME) prévu en République de Corée du 19 au 22 mai 2015. Le FME devrait être un tournant pour l'éducation dans le monde puisqu'il définira les grandes orientations de l'Unesco à ce sujet durant les 15 prochaines années.