«L'orchestre des aveugles», de Mohamed Mouftakir, seul long métrage marocain, est entré, mercredi 10 décembre, en compétition officielle du Festival international du film de Marrakech (FIFM). Après son premier long métrage, «Pégase», qui avait raflé plusieurs prix au Festival national du film de Tanger en 2010 et au festival d'Ouagadougou, ce cinéaste revient avec une nouvelle œuvre cinématographique, «L'orchestre des aveugles». Les faits du film remontent aux années 70, une période qui a marqué le réalisateur. Il met en scène des comédiens marocains bien connus sur la scène cinématographique à l'instar de Younes Mégri, Ilyas El Jihani, Mouna Fettou, Fedoua Taleb, Majdouline Idrissi, Salima Benmoumen et Mohamed Bastaoui. Mohamed Mouftakir explique ce choix par le fait qu'«il s'agit de très bons acteurs, j'ai toujours souhaité les diriger à ma façon. J'ai toujours rêvé de mettre en scène ces personnes et intelligences. Je peux dire que je suis fier de l'acteur marocain». Dans ce film, le réalisateur raconte une histoire inspirée de son enfance. «Il ne s'agit pas d'un film autobiographique. Le film raconte une partie de ma vie quand j'ai vécu avec mon père, les dix premières années. C'est durant cette période que ma personnalité s'est formée. J'ai voulu offrir un regard sur cette période à travers un enfant», précise-t-il à ALM. Il raconte l'histoire de son père (Houcine Bodra, incarné par Younes Migri). Cet analphabète s'est avéré un talentueux musicien. Houcine Bodra voulait que son fils (Mimou incarné par Ilyas El Jihani), réalise son rêve, soit brillant et le premier de l'école. Mais Mimou va rapidement tomber amoureux de Chama, la nouvelle bonne de leur voisine, et pour ne pas décevoir son père il va tricher en falsifiant son bulletin de notes. «C'était facile et difficile de trouver cet enfant génie. L'équipe directrice du film craignait de ne pas trouver un tel personnage sans qui le film n'aurait pas été fait. Le Bon Dieu nous l'a aussitôt envoyé. Au départ, ce n'était pas évident, j'ai lancé le casting et j'avais une centaine d'enfants à «caster». Mais une amie à moi m'a appelé et m'a proposé son neveu. Dès que je l'ai vu, j'ai arrêté le casting et je me suis dit voilà l'enfant que je cherche», explique-t-il. Ceci étant, le film évoque la période des années du règne de Feu SM Hassan II, Houcine, fan de son nouveau Roi, est le chef d'un orchestre populaire. Lui et sa femme Halima (personnage interprété par Mouna Fettou) habitent dans la maison animée, aux personnages hauts en couleurs qui vivent au rythme de l'orchestre et de ses danseuses traditionnelles, les chikhates. Les musiciens hommes de cet orchestre bien particulier sont parfois obligés de se faire passer pour des aveugles afin de pouvoir jouer dans les fêtes réservées aux femmes, organisées par des familles marocaines conservatrices. A partir de ces faits, le film pousse le spectateur à réfléchir. «Je veux faire un film qui plaît aux gens et qui pousse à réfléchir. Je peux dire que c'est un film sur la réconciliation avec le passé. Ce passé est très important dans la vie d'une personne et son avenir dépend de son regard du passé», a-t-il conclu.