La jeunesse a le pouvoir d'appuyer sur l'accélérateur pour contribuer au développement et au progrès du pays si elle est concernée, impliquée, intégrée, mais elle sera a contrario l'épine dans le pied de toute avancée si elle est marginalisée, méprisée, reléguée à un rôle de figurante. Une grande partie de cette jeunesse est la proie de trois fléaux, étroitement imbriqués : chômage, désœuvrement, exclusion…et de leurs dégâts collatéraux que sont les conduites déviantes, drogue, alcool, délinquance, possibilités d'embrigadement, absence de civisme, mirages de l'immigration, etc. Le risque de «ghettoïsation urbaine» ne nous épargne pas ! L'un des problèmes rencontrés par les générations actuelles est celui de l'identification, tout adolescent dans sa construction identitaire a besoin d'exemples, de «modèles» et là aussi chez nous le bât blesse, où sont les icônes ? Les jeunes sont laissés à eux-mêmes et les «modèles» de réussite qui leur sont accessibles sont ceux du dealer ou du plus «débrouillard» dans le sens de celui qui vit de «l'argent facile» ! Les inégalités sociales liées aux inégalités territoriales produisent une jeunesse, qui si elle est reléguée durablement aux marges, sera de plus en plus dans l'incapacité de progresser et de contribuer au progrès de la société, or – il faut le redire - la tranche des moins de 30 ans est majoritaire dans notre pays… L'école ne transmettant plus de savoir, la famille ayant de plus en plus de mal à transmettre de valeurs, les partis politiques n'offrant pas ou peu de structures d'encadrement, les associations –les vraies – souffrant de manque de moyens… que reste-t- il à ces jeunes pour se «forger» ? Le Web et les réseaux sociaux, la rue ? Force est de constater que le véritable défi du Maroc aujourd'hui est de réussir à inscrire cette jeunesse dans un projet de société fédérateur… comment faire pour que ces jeunes se projettent dans l'avenir ? Tel est l'enjeu à court et à long termes ! Car l'impossibilité pour toute une génération de participer à une action collective et de faire passer l'intérêt commun au premier plan est abyssale. Notre société ne leur apprend qu'un «chacun pour soi» suicidaire… Gagner la confiance de ces jeunes et leur (re)donner confiance en eux-mêmes est chose ardue… La jeunesse actuelle est abandonnée par ceux qui ont réussi mais qui ont négligé de transmettre espoir, valeurs et enseignements... Le constat est dur mais ô combien fondé ! Où sont les interlocuteurs ? Ils sont rares, il suffit de voir combien les jeunes ont de mal à trouver des interlocuteurs, des intervenants pour leurs activités… Sans compter avec ces «corbeaux» - oiseaux de mauvais augure - qui se moquent des intérêts de la jeunesse et qui passent leur temps à «tirer» sur ces acteurs qui bougent, qui agissent pour aider les jeunes cherchant ainsi à tenter de les discréditer et saper la confiance que ces jeunes placent en eux. Prenons garde, en nous mettant «aux abonnés absents» alors que nos jeunes frappent à notre porte… ils ne nous le pardonneront pas et sauront nous dire «où étiez-vous ?» lorsqu'à notre tour nous nous tournerons vers eux pour chercher la relève.