«Baba Aichour», notre père Noël à nous, distribuera cette année du cash. Plus sérieusement, les aides financières directes pour les veuves en situation de précarité voient le bout du tunnel. En effet, le gouvernement vient d'adopter jeudi au cours de sa réunion hebdomadaire le projet de décret fixant les conditions d'éligibilité pour les bénéficiaires, le montant et les modes de versement. Dans les détails, l'Exécutif s'engage à verser un montant de 350 dirhams pour chaque orphelin sans que le total de l'aide versée ne dépasse les 1.050 DH pour une seule famille. Le décret fixe bien évidemment des conditions pour être éligible. Les orphelins pris en charge par leurs mamans devront être scolarisés ou devront être inscrits dans l'une des filières de la formation professionnelle. Les allocations prévues par le décret seront versées jusqu'à ce que les enfants pris en charge atteignent l'âge de 21 ans. Une exception est cependant prévue par le décret. Lorsque l'enfant pris en charge se trouve dans une situation de handicap, les allocations continueront à être versées pour sa maman sans la fixation d'un âge. La détermination des veuves éligibles à ce programme sera du ressort des commissions provinciales permanentes chargées de statuer sur les demandes. Ces commissions seront présidées par les gouverneurs. Le décret adopté par le gouvernement a également créé une commission centrale chargée de coordonner le travail des commissions provinciales. La commission centrale déterminera les listes finales des veuves bénéficiaires et statuera également sur les recours déposés contre les décisions des commissions provinciales. L'adoption par le Conseil de gouvernement du décret met fin à une longue attente. Il faut dire que le versement des aides directes au profit des veuves était prévu par la loi de Finances de 2014. Dix mois après l'entrée en vigueur de celle-ci, les aides se faisaient toujours attendre. Le chef de gouvernement avait même montré publiquement des signes d'impatience au point de demander à son ministre de l'économie et des finances d'accélérer la procédure. Aujourd'hui, c'est chose faite. Pour les responsables gouvernementaux proches du dossier, le retard dans la mise en œuvre de ce mécanisme d'aides est lié à des difficultés d'ordre purement administratif concernant notamment le ciblage des femmes éligibles, les modes de versement des aides ainsi que la pérennité du financement du dispositif. Le nombre des veuves bénéficiaires pourrait atteindre les 300.000 femmes, soit un budget annuel de l'ordre de 4 milliards de dirhams. Pour le moment, on ne sait pas grand-chose sur le financement de ce mécanisme de soutien mais le gouvernement devrait profiter des économies faites au niveau de la Caisse de compensation pour financer ce dispositif. A moins de 24 heures de la grève nationale observée par la quasi-totalité des centrales syndicales les plus représentatives, le gouvernement signe une bonne opération avec l'adoption de ce décret. L'impact positif sera indéniable sur la cote de popularité de l'équipe gouvernementale actuelle. D'ailleurs, certains milieux politiques ne cachent pas la crainte de voir le versement des aides directes peser en faveur de la majorité actuelle dans les prochaines élections. Fortement critiqué pour les décisions prises dans le cadre de la réforme de la Caisse de compensation traduite par la hausse des prix de certains produits subventionnés, le gouvernement concrétise sa promesse de remplacer la politique de compensation générale par une autre basée sur le ciblage des plus pauvres.