Badiâ, jeune lycéenne de dix-sept ans, a cédé aux paroles mielleuses de son amant qui lui promettait monts et merveilles. Mais, une fois qu'il l'a mise enceinte, il l'a abandonnée à son triste sort. C'est de la confiance que naît la trahison. Un adage arabe désormais gravé dans la mémoire de Badiâ, après l'abandon par Hamid. A trente-quatre ans, il lui paraît tout naturel de suivre presque quotidiennement Badiâ, sa cadette de dix-sept ans. Elle est lycéenne, qu'il est employé dans une agence bancaire à Beni Mellal. Quand il l'a croisée pour la première fois, il était à bord d'une Peugeot 205 appartenant à son ami, Fouad. Certes, elle a entendu les coups de klaxon, mais elle ne savait pas qu'ils lui étaient adressés. Elle a repris son chemin à destination de son lycée situé à Kasbat Tadla sans se retourner. Quand elle est entrée dans l'établissement, il a rebroussé chemin pour ne réapparaître que le lendemain. A pied. Il était 18h, lorsqu'elle l'a remarqué à proximité du lycée. Il n'a pas raté l'occasion de l'approcher quand elle est passée près de lui. Elle a tenté de s'éloigner de lui. Mais, il l'a suivie comme son ombre, au point qu'elle a fini par entendre ses mots sans lui répondre. Mais, il semble que les propos mielleux du jeune homme aient commencé à atteindre le cœur de la jeune lycéenne. Quand elle est rentrée chez elle, elle a commencé aussitôt à se souvenir de ses phrases, mot par mot. Et quand elle est sortie le lendemain à destination de son lycée, elle a tourné sa tête à gauche et à droite comme si elle le cherchait. Mais nulle trace de lui. Aurait-il décidé de ne plus la suivre ? Pourquoi ne lui a-t-elle pas parlé hier ? s'interroge-t-elle. Il se devait d'être patient, pense-t-elle. D'un pas à l'autre, elle s'est retrouvée devant lui. Il lui a demandé de lui accorder quelques minutes pour lui parler calmement. «J'ai maintenant un cours…», a-t-elle balbutié en baissant les yeux. Plein de joie, il a considéré sa réponse comme un accord et un feu vert pour l'attendre ce soir. A sa sortie du lycée, il était à son attente. Il lui a exprimé ses plus nobles sentiments, au point qu'il est arrivé à la convaincre. Badiâ s'est contentée de lui répondre «oui», quand il lui a demandé de la rencontrer le lendemain. Retournant chez elle, son cœur battait la chamade. C'était la plus belle journée de sa vie. Elle ne l'oublierait jamais, pensait-elle. Comme convenu, ils se sont rencontrés. Il n'a pas cessé de lui répéter qu'il est fils d'un agriculteur disposant d'un grand nombre d'hectares en terrains agricoles. «Et la voiture ?». Il prétend qu'il ne l'utilise pas souvent surtout quand il voulait la rencontrer. «Je ne veux pas que les curieux disent que mon grand amour monte dans la voiture», a-t-il dit. Elle l'a apprécié de plus en plus en entendant ces propos qui attestent qu'il est un jeune homme instruit, bien éduqué et au grand cœur. Au fil des jours, il a commencé à lui promettre le mariage. «C'est une question du temps», lui a-t-il affirmé. Tombée dans ses filets, elle n'a pas hésité de l'accompagner chez son ami pour passer un «bon moment». D'une rencontre à l'autre, elle a fini par être enceinte. Elle l'a avisé. «C'est une question de temps pour se marier». Une phrase devenue désormais un refrain dans sa bouche, tout en la rassurant qu'il ne l'abandonnerait pas. Son ventre a commencé à apparaître et Ahmed a commencé à la négliger. Pourquoi ? « Ma mère ne veut plus que je me marie avec toi et veut m'obliger à épouser ma cousine », lui a-t-il affirmé. Badiâ n'a d'autre refuge que sa mère. Cette dernière l'a contacté et lui a demandé de ne pas trahir sa fille puisqu'il était son amant. « Il faut savoir que je suis stérile… », lui a-t-il répondu. En entendant cette réponse, la mère de Badiâ n'avait d'autre choix que d'accompagner sa fille au commissariat pour déposer plainte. Avouant être son amant et avoir passé de «bons moments» avec la jeune fille, Ahmed a été arrêté et attend actuellement son jugement. Pendant ce temps, Badiâ attend la naissance de son bébé.