«Le mazout coûtera l'année prochaine 0 milliard de dirhams à la compensation». Les propos émanent de Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement, qui s'exprimait lors d'un meeting organisé par le Parti de la justice et du développement, le week-end dernier à Rabat. Au cours de cette intervention devant les membres de son parti, le chef de gouvernement s'est expliqué sur la réforme de la Caisse de compensation avant de faire l'annonce de la suppression du budget de compensation de gasoil. «La subvention du mazout à lui seul coûtait au budget à notre arrivée au gouvernement 21 milliards de dirhams (MMDH). Cette année, ce carburant ne devrait coûter que 8,5 MMDH et l'année prochaine (2015) 0 MMDH», a affirmé Benkirane. Le gouvernement qui se penche actuellement sur l'élaboration du projet de loi de Finances 2015 continuera donc sa réforme de la Caisse de compensation qui avait compensé par l'introduction du système de l'indexation des prix à la pompe sur les cours internationaux pour l'essence qui a été depuis complètement libéralisé. Le prix du gasoil a subi au cours de 2014 des hausses répétées destinées à réduire la part de la subvention de l'Etat. La prochaine hausse des prix à la pompe pour ce carburant est programmée au cours du mois d'octobre prochain. Une hausse qui permettra de baisser la subvention étatique à seulement 0,8 dirham au litre. En 2015 donc, et selon les déclarations du numéro un du gouvernement, le gasoil va rejoindre l'essence dans la liste des carburants libéralisés alors que le fuel industriel et le fuel destiné à la production de l'électricité continueront d'être soumis au système d'indexation des prix. Autrement, seul le gaz butane sera a priori complètement subventionné par la Caisse de compensation. Par ailleurs, Benkirane a réitéré au cours de la même manifestation sa volonté d'aller de l'avant dans la réforme des caisses de retraite. «Si nous ne faisons rien, le retard de la réforme devrait coûter à l'Etat 2,5 MMDH alors que la démarrage de la réforme nécessitera, quant à lui, 5 MMDH», a dit le chef de l'Exécutif. Ces déclarations arrivent à un moment où les différentes centrales syndicales se mobilisent contre la réforme proposée par le gouvernement et qui devra déboucher sur un rallongement de l'âge de départ à la retraite et une hausse des cotisations conjuguée à une baisse des pensions. Une grève générale doit normalement avoir lieu dans la fonction publique suite à l'appel de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT). Deux syndicats proches notamment de l'Istiqlal et de l'Union socialiste des forces populaires qui sont deux formations de l'opposition dirigées respectivement par Hamid Chabat et Driss Lachgar. Benkirane a, d'ailleurs, consacré la fin de son discours à ces deux hommes, critiquant leur manière de gérer leurs formations respectives tout en lançant des doutes à peine voilés sur la manière avec laquelle ils sont arrivés à la tête de leurs partis.