Pour les experts de la BMCE Capital, l'ouverture de l'économie nationale devrait profiter positivement aux industries métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques, à condition que ces dernières entament, sans tarder, une sérieuse mise à niveau. Analyse. L'industrie lourde reste globalement faible au Maroc. Cette faiblesse est particulièrement perceptible dans le secteur des industries mécaniques et métallurgiques, qui restent les moins développées. Ces dernières englobent en effet divers produits et activités : outillage à main, articles métalliques, chaudronnerie, aciers, etc. Signe de fragilité du secteur : les biens d'équipement dans ce secteur sont souvent vétustes et ne répondent plus aux critères de qualité et de productivité. Le Maroc, disposant d'une industrie lourde encore embryonnaire, demeure tributaire des importations, principalement en provenance d'Europe. Pour les experts de la BMCE Capital, les accords de libre-échange et le processus de mise à niveau du tissu industriel pousseront les opérateurs à s'orienter vers une intégration en amont de leurs activités. L'objectif étant d'arriver à une meilleure valorisation des matières premières, à la réduction de la dépendance vis-à-vis des importations et à l'intégration de l'offre sidérurgique et métallique marocaine. Pour y arriver, les analystes préconisent une intégration verticale des filières métallurgiques et mécaniques avant de développer des opérations de délocalisation avec les industriels américains et européens. Plus développé, le secteur de l'industrie électrique et électronique au Maroc repose essentiellement sur la fabrication de composants électroniques, de câbles électriques, de faisceaux de câbles automobiles, de matériel d'éclairage ainsi que d'accessoires et de fournitures électriques. La bonne santé du secteur s'explique par les délocalisations intervenues dès les années 60 et des marchés de sous-traitance essentiellement en provenance de l'Europe. Il s'en est suivi l'implantation de plusieurs unités de fabrication de cartes téléphoniques, de circuits intégrés, de centraux téléphoniques et de composants électroniques. Les accords de libre-échange vont davantage appuyer cette tendance par le biais du développement de relations avec les industriels européens et américains ainsi que par la multiplication des opérations de délocalisations. Même constat pour l'industrie automobile qui devrait, elle aussi, bénéficier des accords de Libre-échange, notamment au niveau de l'accès direct au vaste marché européen. Le Maroc pourrait, en effet, profiter des délocalisations dans l'industrie de sous-traitance automobile imposée aux équipementiers étrangers par des considérations de compression de coûts. Dans cette optique, le Maroc devrait viser des activités qui présentent des perspectives de croissance intéressantes, encore à leurs premières phases de leur cycle de vie : connectique, composants électroniques, systèmes de sécurité, habitacle, tableaux de bords, etc. En cas de succès de cette sous-traitance, les constructeurs automobiles européens et japonais pourraient être intéressés par la délocalisation d'une partie de leur production au Maroc, estiment les analystes de la BMCE Capital. Globalement, le secteur dispose de plus d'un élément de force. L‘étude met en relief la proximité du marché européen, le faible coût de la main d'œuvre et la présence d'un tissu de multinationales, notamment dans l'électrique et l'électronique. Ces atouts restent cependant handicapés par une série de faiblesses structurelles : dépendance à l'égard des importations des matières premières et des demi-produits, manque d'intégration de la majorité des branches du secteur, étroitesse du marché local et la faiblesse des investissements en matériel. Une mise à niveau s'imposera si les industriels marocains souhaitent saisir les opportunités qui se profilent à l'horizon. L'étude spécule dans ce sens sur la possibilité d'émergence du Maroc en tant que plate-forme de production et d'exportation, aussi bien pour les industriels américains que ceux européens. Des menaces planent cependant. L'ouverture programmée du marché à la concurrence étrangère conduira à terme à la disparition d'une partie du tissu industriel local, notamment dans l'électroménager et l'industrie automobile.