Grève ou pas grève ? Difficile de répondre à cette question dès lors que c'est un appel lancé par un syndicat dirigé par deux secrétaires généraux rivaux. La FDT (Fédération démocratique du travail) vient d'appeler à une grève générale dans la fonction publique. Seulement voilà, le syndicat est divisé depuis quelques semaines entre deux secrétaires généraux qui se disputent la légitimité. D'un côté, Abdelhamid Fatihi qui vient d'appeler à la grève générale, de l'autre Abderrahmane Azzouzi, toujours considéré par ses partisans comme le seul leader légitime de la centrale syndicale. Fatihi, qui serait vraisemblablement soutenu par la direction actuelle de l'USFP (Union socialiste des forces populaires), n'est pas prêt à faire machine arrière sur la question. «La date de la grève n'a pas encore été fixée mais la décision est déjà prise. Je tiens à préciser que nos instances n'ont pas fixé une date précise parce que nous allons inviter d'autres centrales syndicales à rejoindre notre mouvement de débrayage», explique Fatihi. Ce dernier annonce l'ouverture des concertations depuis hier (lundi 8 septembre) avec les dirigeants de l'UMT (Union marocaine du travail), de la CDT (Confédération démocratique du travail) et de l'UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc) pour les convaincre de le rejoindre. «Le gouvernement vient de prendre une décision très grave en obligeant les retraités de l'enseignement à rester dans leurs postes après 60 ans. L'Exécutif s'attaque ainsi à l'un des acquis fondamentaux des fonctionnaires marocains. Il était donc tout à fait normal d'appeler à une grève générale dans tous les secteurs de la fonction publique concernés par le régime civil des retraites», ajoute-t-il. Pour leur part, les partisans de Azzouzi à la FDT ne se considèrent pas concernés par l'appel à la grève. «Abderrahmane Azzouzi est le seul secrétaire général qui a la légitimité d'annoncer ce genre de décision. De plus, notre syndicat avait décidé de coordonner son action avec l'UMT et la CDT. Or, aucune décision officielle n'a été prise par les trois syndicats concernant l'appel à une grève générale», affirme Abdelmalek Aferiat, parlementaire de la FDT et proche de Azzouzi. Aferiat va encore plus loin. «Je ne vois pas encore l'utilité d'une grève générale dans la fonction publique aujourd'hui sachant que le gouvernement a expliqué par le biais du ministère de la fonction publique que l'âge légal de départ à la retraite pour les fonctionnaires reste inchangé à 60 ans», poursuit-il. Il est donc clair que de gros risques existent pour que l'aile de Azzouzi, toujours influente dans des secteurs importants au sein de la FDT, ne suive pas l'appel à la grève. Qu'en sera-t-il alors pour les autres centrales syndicales, en l'occurrence la CDT et l'UMT ? Il faut dire que les dirigeants de ces deux syndicats se trouvent dans une situation embarrassante puisqu'ils seront amenés à prendre position en faveur de l'un des deux rivaux alors qu'ils ont préféré jusqu'ici rester neutres dans le bras de fer que vit la FDT depuis de longues semaines. Reste à savoir maintenant si Fatihi ira jusqu'au bout avec le risque que son appel à la grève ne soit pas très suivi. Interrogé par ALM, il reste ferme. «La grève aura lieu avant la fin du moins de septembre», conclut-il.