La rentrée politique s'annonce très chaude. Un nouveau bras de fer, en effet, se profile à l'horizon. Et pour cause, le débat sur une session parlementaire vire à la confrontation entre la majorité et l'opposition. Alors que le PJD (Parti de la justice et du développement) soutenu par sa majorité à la première Chambre pousse vers l'organisation d'une session parlementaire extraordinaire, l'opposition menée notamment par le PAM (Parti authenticité et modernité) n'y voit pas un grand intérêt. «La manière avec laquelle le gouvernement programme les sessions extraordinaires soulève plusieurs points d'interrogation. L'Exécutif s'est habitué à retarder un certain nombre de textes législatifs pour les passer au cours de sessions extraordinaires souvent programmées à un moment où de nombreux parlementaires sont absents», affirme Milouda Hazib, présidente du groupe parlementaire du PAM à la Chambre des représentants. Les divergences entre l'opposition et la majorité concernent surtout les projets de loi inscrits à l'ordre du jour de la session extraordinaire. Il s'agit en l'occurrence du projet de la loi organique des finances ainsi que le projet de loi relatif aux établissements de crédit et organismes assimilés. Une loi qui permettra l'entrée sur le marché bancaire national des banques islamiques dites alternatives. «Si le gouvernement avait programmé le projet de loi sur la régionalisation ou bien les projets de loi électorales, l'organisation d'une session extraordinaire aurait été bien plus compréhensible. Au contraire, l'Exécutif a choisi de mettre à l'ordre du jour de cette session le projet de loi relatif aux établissements de crédit et organismes assimilés alors que ce texte est encore examiné par les parlementaires de la deuxième Chambre», ajoute Hazib. Qu'en pense alors les partis de la majorité? Le très controversé député PJD, Abdelaziz Aftati, estime que la session extraordinaire doit absolument avoir lieu avec l'ordre du jour qui a été déjà proposé. «La session extraordinaire doit permettre l'adoption de la loi organique des finances. Il est aujourd'hui hors de question que la future loi de Finances 2015 soit élaborée selon l'ancienne loi organique des finances héritée de l'ancienne Constitution. Il est donc urgent d'adopter la nouvelle loi organique avant le démarrage du débat sur le projet de budget au Parlement», dit Aftati. Et de poursuivre : «De même, le projet de loi relatif aux établissements de crédit et organismes assimilés est très attendu par de nombreuses familles marocaines sans parler des avantages et valeurs ajoutées pour l'économie nationale qui sont connus de tous. L'adoption de cette loi est, de ce fait, prioritaire à moins que certaines parties voient les choses autrement et veulent entraver la sortie de ce texte». Le débat dépasse la simple utilité ou non d'une session extraordinaire mais il semble qu'il y a de grands enjeux politiques d'une partie comme de l'autre autour de la question. Mais une question s'impose. La session aura-t-elle lieu ? Pour le PJD la réponse est déjà tranchée. «La Constitution stipule que l'initiative d'une session parlementaire extraordinaire peut bien émaner du Parlement comme elle peut être décidée par le gouvernement. En l'absence d'un consensus, le chef de gouvernement peut bien convoquer le Parlement et tous les groupes parlementaires devraient alors interagir avec cette demande», conclut Aftati. La balle serait donc aujourd'hui chez le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane.