Après les syndicats, d'autres parties se mobilisent contre le rallongement de l'âge du départ à la retraite au Maroc. Une pétition circule sur le Web contre cette mesure qui pourrait être appliquée par le gouvernement au cours de l'année prochaine. Lancée le 8 août dernier, la pétition a déjà été signée par un peu plus de 1700 personnes. L'initiative d'un groupe de fonctionnaires est encouragée par des syndicats ainsi que par certains représentants des fonctionnaires au sein du conseil d'administration de la CMR (Caisse marocaine de retraite). «La pétition n'émane pas d'une organisation ou d'une partie bien définie mais il s'agit plutôt d'une initiative par et pour les premiers concernés, à savoir les fonctionnaires. Tout le monde a maintenant l'occasion de donner son avis sur cette réforme», affirme Hassan El Mardi, syndicaliste membre du conseil d'administration de la CMR. Et de poursuivre : «La pétition a pu recueillir un nombre important de signatures même si nous sommes actuellement en période de vacances. Il est certain que les signataires se feront encore plus nombreux dès la reprise». L'objectif est donc d'atteindre un nombre beaucoup plus important de signataires dans les semaines à venir. Des messages électroniques sont régulièrement envoyés demandant à tout le monde de signer la pétition dans le but de manifester le refus contre la réforme paramétrique envisagée par l'Exécutif concernant le régime civil des pensions de retraite à la CMR (Caisse nationale de retraite). Une Caisse qui est aujourd'hui menacée d'une faillite inévitable si aucune réforme n'est enclenchée pour la sauver. Mais la réforme paramétrique proposée par le gouvernement et qui prévoit, entre autre, l'élévation de l'âge de départ à la retraite progressivement pour atteindre les 65 ans dans les prochaines années ne plaît pour le moment ni aux syndicats les plus représentatifs ni à de nombreux fonctionnaires concernés d'où le lancement de ladite pétition. Cette dernière intervient quelques temps seulement après la demande par le gouvernement de l'avis du CESE (Conseil économique, social et environnemental) sur la réforme de la retraite. Un avis très attendu surtout que les syndicats siègent également dans le CESE et qu'ils ont donc leur mot à dire. Mais depuis des mois, les différentes centrales syndicales s'opposent à toute mesure qui «remettrait en cause les acquis des fonctionnaires». Pour le moment, le schéma de réforme le plus plausible combine l'élévation de l'âge de la retraite à 62 ans puis à 65 ans, l'augmentation du taux de cotisation des fonctionnaires et la révision de la méthode de calcul de la pension de retraite. De leur côté, les syndicats les plus représentatifs notamment l'UMT (Union marocaine du travail) estiment que le rallongement de l'âge de départ à la retraite doit être facultatif et non pas obligatoire et le taux de cotisation doit obéir aux schémas de deux tiers pour l'Etat employeur et un tiers pour le fonctionnaire. Bref, les divergences sont encore beaucoup trop importantes entre les deux parties. Seul bémol, le temps presse et la marge de manœuvre paraît de plus en plus limitée pour sauver la CMR d'une faillite annoncée. «Arbitrage» du CESE Le gouvernement a donc choisi de demander l'avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur le projet de réforme du régime civil des pensions de retraite des agents de l'Etat. Les syndicats qui sont représentés au sein du CESE comptent faire entendre leur voix au sein de Conseil. La majorité des centrales syndicales s'oppose à la réforme paramétrique envisagée par l'Exécutif concernant le régime civil au sein de la CMR. Il faut préciser que deux projets de loi ont été soumis au CESE. Le premier concerne l'âge légal de départ en retraite qui doit atteindre graduellement les 65 ans. Le deuxième projet de loi transmis au Conseil est relatif au taux de cotisation et le mode de calcul de la pension. Le taux des cotisations passe ainsi à 14% contre 10% actuellement. La hausse se fera de manière progressive. De même, la base servant de référence au calcul de la pension sera également revue. La pension de retraite sera calculée sur la base du revenu moyen obtenu lors des huit dernières années avant la retraite. Après l'avis du CESE, le gouvernement devra transférer les deux projets de loi au Parlement où une autre bataille législative l'attend avec les syndicats principalement dans la Chambre des conseillers. CMR : Régime civil dans le rouge La Caisse marocaine de retraite (CMR) est une Caisse qui gère les cotisations et les pensions de retraite du personnel de l'administration publique. Il faut préciser que la Caisse gère plusieurs autres régimes de retraite mais c'est le régime civil qui connaît les plus grandes difficultés menaçant à terme sa pérennité. Les difficultés financières de ce régime vont pousser les responsables à puiser dès 2014-2015 dans les produits générés par ses réserves pour combler le déséquilibre entre ses recettes issues des cotisations et prestations (pensions de retraite, de réversion et allocations familiales). En cas de statu quo et en l'absence d'une réforme, c'est le principal qui serait entamé dès 2015 pour combler les déficits futurs et le régime épuiserait ses réserves en 2021. C'est donc la situation difficile de ce régime qui pousse les responsables à vouloir mener une réforme paramétrique et éviter ainsi l'épuisement total des crédits de la Caisse dans les prochaines années.