Coup de théâtre. Contrairement à ce qui a été prévu, le Conseil d'administration de la CMR (Caisse Marocaine de Retraite), tenu, mardi 7 janvier, sous la présidence de Mohamed Boussaid, ministre de l'Economie et des Finances, à défaut du chef de gouvernement qui a préféré faire défection, n'a pas dévoilé les contours de la réforme de cette Caisse, chargée des pensions de quelque 800.000 fonctionnaires. Pourtant, cette réunion a été qualifiée de « décisive », et ce pour trois principales raisons. Primo, la dette implicite du régime des pensions civiles géré par la CMR est énorme : 800 milliards de DH, soit près des trois quarts du PIB. Secundo, les réserves de cette Caisse seront épuisées d'ici 2021 si, bien sûr, aucune mesure n'est prise. Tertio, le régime des pensions civiles enregistrera son premier déficit cette année, 214 millions de DH. M. Boussaid, au lieu de faire le point sur les mesures que compte prendre le gouvernement sur ce dossier, a mis l'accent sur d'autres sujets. « Il a mis en évidence les réflexions des membres du Conseil d'administration afin de trouver des solutions solidaires et efficaces permettant de surmonter la problématique du déséquilibre financier du régime des pensions civiles », souligne un communiqué de la CMR. « A cet égard, il a rappelé les conclusions de la Commission nationale chargée de la réforme des régimes de retraite, insistant sur le caractère urgent de la réforme paramétrique du régime des pensions civiles ainsi que la détermination du gouvernement à mettre en œuvre cette réforme dans les plus brefs délais dans un cadre de concertation et d'implication des partenaires sociaux. », ajoute-t-on. Que prévoit le projet de réforme des pensions des fonctionnaires ? Hé bien, tous les paramètres seront retouchés. L'âge légal à la retraite sera porté pour les fonctionnaires à 62 ans dès 2015 avant d'atteindre à l'horizon 2020 les 65 ans. Le taux de cotisation sera augmenté de 8%, alors que le calcul de la pension devra se faire sur la base des salaires des 10 dernières années de service. L'objectif de cette refonte est d'allonger l'horizon de viabilité de huit années et de réduire la dette du régime qui devrait passer de 800 milliards à 200 milliards de DH. C'est dire l'enjeu de cette réforme. Qu'en pensent les syndicats les plus représentatifs ? Cités par le Portail « Le360 », ils affirment qu'ils sont en faveur de la réforme, mais se disent frustrés par la façon avec laquelle cette refonte est abordée par le gouvernement Benkirane.