Après l'assassinat, lundi, de Cheikh Ahmad Yassine, le chef spirituel du Hamas, il semble que son successeur, Abdelaziz Rantissi, soit dans la ligne de mire de l'armée israélienne. Et si Rantissi promet une lutte sans merci, Yasser Arafat se déclare, pour sa part, hostile aux attentats contre des civils israéliens. Le nouveau chef du Hamas dans la bande de Gaza, Abdelaziz Al-Rantissi, qui a promis de continuer les attaques contre Israël, semble être la prochaine cible de l'armée israélienne, qui a perpétré l'assassinat de Cheikh Ahmad Yassine lundi matin, dans un raid d'hélicoptères à Gaza. C'est ce qu'a affirmé la radio publique israélienne, citant l'entourage du ministre de la Défense, Shaoul Mofaz. De même source, on indiquait qu'Israël considère désormais M. Rantissi et le Hamas comme «des ennemis stratégiques prioritaires». Le meurtre de Cheikh Yassine a, par ailleurs, été condamné mercredi par la Commission des droits de l'homme de l'ONU, dans une résolution adoptée à une large majorité. Déposée par le Pakistan au nom de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), la résolution a été approuvée par 31 voix, contre deux (les USA et l'Australie) et 18 abstentions, dont celle des pays membres de l'Union européenne. Agé de 56 ans, M. Rantissi, qui a succédé mardi soir à Cheikh Yassine, comme leader du Hamas dans la bande de Gaza, a affirmé, mard soir, que «Sharon et les Israéliens ne connaîtront pas la sécurité (...) Nous allons les combattre jusqu'à la libération de la Palestine, toute la Palestine». Pour sa part, Khaled Mechâal, le dirigeant général du Hamas à Damas, a annoncé mercredi que ce mouvement veut assassiner le Premier ministre israélien Ariel Sharon en représailles au meurtre du Cheikh Yassine. Dans un entretien publié sur le site Internet du Hamas, Khaled Mechâal précise que la branche militaire verra si elle a la capacité de tuer Ariel Sharon. «J'espère que les moudjahidine pourront répliquer à ce crime horrible en visant les dirigeants sionistes les plus importants (...) notamment Sharon», a-t-il affirmé. De son côté, le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, s'est déclaré mercredi hostile aux attentats contre des civils israéliens. «Je suis contre tout attentat visant des civils, civils israéliens ou civils palestiniens. Nous voulons la paix et nous recherchons la paix sur la terre de la paix, la Terre sainte», a déclaré le dirigeant palestinien. Pour sa part, le président américain George Bush a été assez ambigu, en soulignant qu' «Israël a le droit de se défendre face au terrorisme». Avant d'ajouter toutefois espérer que l'Etat hébreu «garde à l'esprit les conséquences» de ses actions. Dans le même temps, le département d'Etat américain a mis en garde les ressortissants américains dans le monde entier contre le risque d'attentats après l'assassinat de Yassine. Côté israélien, Ariel Sharon, a affirmé, sans sourciller que son pays aspirait «à signer avec les pays arabes, la Syrie, le Liban et l'Autorité palestinienne, le même genre de paix que nous avons signé avec l'Egypte». Il a fait cette déclaration au Parlement lors d'une cérémonie marquant le 25ème anniversaire du traité de paix israélo-égyptien, signé en fait le 26 mars 1979. L'Egypte fut le premier pays arabe à conclure un traité de paix avec l'Etat hébreu. M. Sharon a estimé que ce traité de paix traduisait "l'intérêt stratégique réel des deux pays». Cette cérémonie s'est déroulée en présence du président israélien Moshé Katzav, des membres du gouvernement, des représentants de la Cour suprême et du corps diplomatique, mais l'Egypte l'a boycottée pour protester contre l'assassinat de Yassine. Enfin, le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gul, a appelé le prochain sommet arabe prévu les 29 et 30 mars à Tunis à relancer le plan de paix arabe. Dans une déclaration au quotidien libanais “Al-Mostaqbal” paru mercredi, M. Gul a indiqué que «les Arabes devraient relancer leur plan de paix au cours de leur prochain sommet. Ils devraient souligner l'importance de la paix afin que l'Union européenne et la Russie restent à leurs côtés». Il a ajouté que son pays a effectué une démarche auprès de Washington pour aider à la relance du plan de paix arabe, peu après la visite, début janvier, du président syrien, Bachar al-Assad à Ankara. Lancé par l'Arabie saoudite, le plan de paix arabe a été adopté en mars 2002 lors du sommet de la Ligue arabe à Beyrouth. Ce plan demande un retrait d'Israël des territoires arabes occupés depuis 1967, la création d'un Etat palestinien et «la résolution juste» de la question des réfugiés. En contrepartie, les Etats arabes s'engagent à normaliser leurs relations avec Israël. M. Gul a d'autre part estimé que l'assassinat par Israël du fondateur du Hamas, cheikh Ahmad Yassine, qui a été condamné par Ankara, «est un piège visant à détourner les Arabes de l'Irak». Les pays arabes devaient, lors de leur sommet à Tunis, relancer le plan de paix arabe, mais l'élimination du chef du mouvement radical palestinien pourrait bouleverser leur calendrier.