La coopération triangulaire Etats-Unis- Maroc -Afrique est célébrée en grande pompe à Washington. Un sommet tripartite a démarré lundi dans la capitale fédérale réunissant quelque 50 chefs d'Etat et de gouvernement dont notamment Abdelilah Benkirane, représentant ainsi Sa Majesté le Roi Mohammed VI à cette première rencontre entre les Etats-Unis et l'Afrique. L'heure étant d'examiner les initiatives de collaboration pour promouvoir le développement humain, la stabilité et la promotion du commerce sur la base de l'Accord de libre-échange. Une synergie qui ne peut être réussie sans la contribution du Maroc qui est en phase de devenir une plate-forme importante pour l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne en termes de commerce et d'investissement. D'ailleurs cet atout a été fortement mis en exergue par Barack Obama en personne, en marge de son entretien avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors de la visite royale aux Etats-Unis en novembre dernier. La crédibilité du Maroc est un gage de durabilité des relations américano-africaines. L'expertise cumulée dans ce sens par le Royaume fait de lui un partenaire de choix aussi bien pour l'Union européenne que pour les Etats-Unis. «L'objectif escompté de ce sommet est de promouvoir des modèles de partenariat gagnant et solidaire au profit de l'Afrique avec un accent particulier sur la dimension business pour l'Afrique qui doit être prise en considération dans les futurs projets de développement», souligne dans ce sens Salaheddine Mezouar, ministre des affaires étrangères et de la coopération, dans une déclaration relayée par la MAP. Ainsi, les projets à concrétiser s'inscrivent en droite ligne avec les perspectives retenues de la tournée africaine du Souverain. En examinant ces aspects, le think tank américain «Atlantic Concil» a souligné dans une récente étude les avantages comparatifs dont dispose le Maroc favorisant ainsi la diplomatie économique des Etats-Unis en Afrique. L'accent a été mis sur le patrimoine socio-culturel unique «qui se projette avec aisance dans les mondes arabe, européen, et subsaharien- particulièrement mais pas exclusivement francophone-, et des relations commerciales et culturelles de grande envergure avec ces régions». L'étude co-signée Peter Pham, directeur de l'Africa Center au sein de l'Atlantic Council, et Ricardo René Larémont, membre éminent non-résident dudit Centre et professeur des sciences politiques et de sociologie à la Binghamton University, appelle les Etats-Unis à adhérer à la démarche marocaine en Afrique : «Il est dans l'intérêt stratégique de Washington d'approfondir davantage son partenariat économique et commercial, ainsi qu'en matière de sécurité avec le Royaume qui se positionne aujourd'hui en tant que puissance régionale émergente dans un continent d'une extrême importance stratégique». Le sommet USA-Maroc-Afrique, dont les travaux prendront fin le 6 août, sera par ailleurs une occasion pour les opérateurs nationaux de s'entretenir avec des groupes américains afin d'activer le processus d'investissement au Royaume. Le Maroc compte, en effet, plus de 300 investisseurs américains, toutefois la transition économique et industrielle par laquelle passe le Maroc impose un nouveau modèle de partenariat économique visant à drainer des investisseurs aptes à développer les secteurs de l'industrie et des services et d'assurer des retombées positives aussi bien au Maroc que dans l'ensemble du continent africain. Accord de libre-échange: Un moteur de coopération Le Maroc est à ce jour l'unique pays africain à avoir conclu un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Ce rapprochement qui date de 2006 a réussi à ouvrir les deux marchés et à éliminer les droits de douane sur plus de 95 % des biens et services échangés. La dernière visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI aux Etats-Unis en novembre dernier a été couronnée par la signature d'un accord bilatéral sur la facilitation du commerce. Ce dispositif signé entre Mohamed Boussaid, ministre de l'économie et des finances, et Micheal Froman, représentant américain au commerce (UNTR), comprend les dispositions liées notamment à la transparence dans les transitions douanières avec l'objectif d'accroître la compétitivité des produits marocains à l'export. La balance commerciale entre les deux pays tend plus vers la commercialisation des produits agricoles et agroalimentaires. En effet, l'agriculture est l'un des principaux secteurs à bénéficier des accords de libre-échange. Un marché qui connaît une forte expansion d'année en année. D'ailleurs pas plus tard que la semaine dernière, le Maroc vient d'être autorisé à exporter les myrtilles vers le marché américain, et ce à l'instar du framboisier dont l'exportation a démarré depuis 9 mois. D'autres autorisations suivront dans ce sens ciblant ainsi l'exportation d'aubergine, de plantes aromatiques et de poivrons. En données chiffrées, l'accord de libre-échange a connu une nette évolution depuis son lancement en 2006. Le pic a été enregistré en 2012 avec un échange de 4,92 milliards de dollars, soit le double de ce qui a été enregistré en 2007. Elle a dit... «Le Maroc, de par sa spécificité géographique et le rôle essentiel joué par Sa Majesté le Roi pour la promotion de la coopération Sud-Sud, a toutes ses chances pour être un partenaire sérieux à même d'accompagner des investissements américains dans le continent. Nous avons une expertise, un savoir-faire dans plusieurs domaines et pouvons appréhender des marchés plus grands. Les entrepreneurs marocains savent saisir les opportunités pour réaliser des partenariats, créer des courants d'affaires et apporter une valeur ajoutée dans beaucoup de secteurs d'activité comme le BTP, la santé, la formation professionnelle, l'agriculture, les produits finis et la distribution. Nous avons surtout une connaissance du terrain que nous pouvons partager avec nos partenaires américains. Nous sommes tout d'abord africains, nous entretenons des relations fraternelles avec les pays du continent, parlons souvent le même langage et avons en commun un héritage culturel, des clés qui font du Maroc un partenaire incontournable pour pénétrer l'Afrique».