«La dette commencera à se stabiliser en 2015 pour être régulée en 2016. Une situation qui sera tributaire de la conjoncture internationale». Ces prévisions ont été faites, vendredi à Rabat, par Mohamed Boussaid, ministre de l'économie et des finances, suite à l'émission obligataire, qualifiée de «réussie» par le ministre, sur le marché financier international d'un montant de 1 milliard d'euros d'une maturité de 10 ans et un coupon de 3,5%. Selon le ministre qui tenait une conférence de presse conjointe avec Idriss Azami Al Idrissi, ministre délégué auprès du ministre de l'économie et des finances chargé du budget, il n'existe pas de politique d'endettement au Maroc. Pour M. Boussaid, s'endetter ou non, là n'est pas la question. C'est plutôt la bonne gestion de l'endettement qui importe. «Les équilibres macroéconomiques permettront de surmonter l'endettement. D'ailleurs, un retour progressif vers ces équilibres est constaté à partir de 2013», a-t-il ajouté. D'autant plus que la dette marocaine, dont la structure est saine, est, selon lui, raisonnable par rapport à d'autres pays. Ceci étant, la dette totale du Trésor a connu une hausse pour atteindre 63,5% en PIB en 2013, le seuil étant de 60%, contre 47,3% en 2008. Cette dette est essentiellement à moyen et long termes (82%) avec une durée de vie moyenne de 6 ans à fin mai 2014. «La structure de la dette du Trésor est en ligne avec le portefeuille benchmark, ce qui permet de contenir les risques relatifs au refinancement de la dette, aux taux d'intérêt et aux taux de change», a expliqué l'argentier du Royaume. Parallèlement, les indicateurs de coût de la dette du Trésor se sont globalement inscrits en trend baissier durant la dernière décennie. Ainsi, les charges en intérêt sont passées de 3,2% en 2006 à 2,7% en 2013 et la dette du Trésor s'est établie à 4,4% en 2013 contre 5,1% en 2008. En outre, le niveau de développement du secteur financier permet, selon le ministre, au Trésor de disposer d'une base d'investisseurs très diversifiée avec 35% de compagnies d'assurance et caisses de retraire, 29% des banques et 25% d'OPCVM entre autres. Quant à la dette extérieure publique, elle s'est établie à 25,4% du PIB en 2012. D'où le recours à l'endettement qui s'explique par l'accélération du déficit budgétaire (-5% du PIB entre 2009-2012), de la masse salariale (96,7 MMDH en 2012), la charge de la compensation (144 MMDH entre 2009-2012) et l'effort de l'investissement (653 MMDH entre 2009-2012). Concernant les recettes, elles ont connu un ralentissement à partir de 2008. Chose due à la baisse des recettes de privatisation et du rendement de la fiscalité vu le ralentissement économique et la réduction des résultats fiscaux des contribuables. A propos du timing de l'émission obligataire, il a été choisi suite, entre autres, à la baisse du taux directeur de la BCE en début de juin 2014. Pour information, le besoin de financement net pour le 2ème semestre de 2014 est estimé à environ 16 MMDH dont près de 10 MMDH seront couverts par des ressources internes. Une émission obligataire réussie Un grand succès! Voilà comment Mohamed Boussaid, ministre de l'économie et des finances, a qualifié la réalisation d'une émission obligataire sur le marché financier international. En effet, d'un montant d'un milliard d'euros d'une maturité de 10 ans et avec un taux d'intérêt de 3,5%, cette émission obligataire vient suite à un roadshow qui a été mené par le ministère de l'économie et des finances à Londres, Paris, Francfort, Munich, Zurich, Genève et à Amsterdam. C'est ainsi que cette importante opération marque le retour du Maroc sur le marché de l'euro après une absence de 4 ans. «Nous avons fait le pricing pour cette opération ayant permis au Maroc de mettre en avant les réformes économiques et financières ainsi que ses perspectives prometteuses de croissance», a précisé, à l'occasion, M. Boussaid, soulignant l'engouement des investisseurs étrangers qui se sont inscrits massivement à ce nouvel emprunt à l'international. Et de poursuivre : «La liste des souscripteurs, qui est composée de profils différents et de palette diversifiée (Europe, Amérique et pays du Golfe), comprend notamment des gestionnaires de fonds de pensions, de banques privées et centrales ainsi que de compagnies d'assurances outre de fonds souverains». Le Maroc inspire une confiance internationale Le succès qu'a connu l'émission obligataire du ministère de l'économie et des finances sur le marché financier international, sursouscrite deux fois, confirme la confiance dont jouit le Maroc auprès de la communauté des affaires, des agences mondiales de notation «Standard & Poors», «Fitch Ratings» et des grandes institutions financières internationales. En effet, l'agence Standard & Poor's (S&P) a, récemment, relevé la perspective de la note attachée au Maroc de «négative» à «stable». De plus, elle a également confirmé les notes «BBB-/A-3» attribuées au Royaume pour ses dettes à long et à court termes en devises et en monnaie locale. zDans le même sillage, la stabilité économique du Maroc a joué favorablement pour le maintien de la note BBB- avec perspective stable de l'agence de Fitch Ratings. Pour elle, la stabilité économique et surtout politique a permis au Maroc de se démarquer dans sa région et ainsi inspirer une confiance internationale.