«Esprit de Fès» est une tournée du Festival des musiques sacrées de Fès aux Etats-Unis. De retour au Maroc après avoir participé à son lancement, Faouzi Skalli, directeur général du Festival, en fait le bilan. Entretien. Aujourd'hui Le Maroc : Comment se déroule l'opération «Esprit de Fès » qui a lieu actuellement aux Etats-Unis ? Faouzi Skalli : «Esprit de Fès» est une tournée dans plusieurs villes américaines du Festival des musiques sacrées du monde qui vise à en véhiculer Nous ne pourrons faire le bilan de cette opération qu'à sa fin. Mais je pourrais d'ores et déjà dire que c'est une réussite. Son lancement, qui s'est déroulé à la bibliothèque du Congrès américain, a connu la participation de plusieurs personnalités américaines ainsi que des représentants d'organisations internationales telle la Banque Mondiale dont la conseillère du président, Catherine Marshall était présente, et Transparency International qui a été représentée par son président Peter Eigen. Le concert qui s'en est suivi à l'auditorium Coolidge de la prestigieuse bibliothèque était une grande réussite également puisqu'il s'est déroulé à guichet fermé. Tous les billets se sont en effet vendus plusieurs jours auparavant. L'opération «Esprit de Fès », qui a pour principal objectif de contribuer au rapprochement entre les peuples et les confessions, à travers la musique qui a le pouvoir de transcender toute barrière, se déroulera jusqu'au 6 avril prochain. Qu'en est-il de l'accueil réservé à «Esprit de Fès» par le public américain ? C'était un accueil chaleureux. Pour la première semaine de cette manifestation lancée le 6 mars courant à Washington et durant laquelle je me trouvais sur place, les échos de l'opération étaient très favorables. En témoignent d'un côté l'affluence du public américain aux multiples manifestations au programme et les retombées presse de l'autre. Les plus grands organes de presse américains ont en effet réservé d'élogieux articles à cette manifestation, notamment les prestigieux quotidiens : «New York Times» et le «Washington Post». A ce sujet, je tiens à préciser qu'un intérêt particulier a été accordé au groupe des «Roudaniat» dont la prestation a séduit plus d'un. Et puis, le principe de l'opération est en parfait accord avec l'état d'esprit qui sévit actuellement aux Etats-Unis, et partout dans le monde d'ailleurs. «Esprit de Fès» est avant tout un appel à la démocratisation de la culture et à l'acceptation de l'autre dans toute sa diversité, culturelle avant tout. C'est également un appel à l'acceptation réciproque de la diversité de chaque culture. Sur quels critères vous vous êtes basés pour le choix de l'itinéraire de la manifestation ? Nous avons d'abord choisi les Etats-Unis pour abriter la tournée du Festival des musiques sacrées de Fès parce que ce pays s'est imposé dès le début, et ce vu les échos du festival au pays de l'oncle Sam. Nos plus grands partenaires ont été dès le début des Américains, à l'image de la Banque Mondiale dont le siège se trouve à Washington DC. Une fois que le pays qui devait accueillir la tournée a été fixé, nous nous sommes attelés, en compagnie de la Columbia Artistic Management International, l'agence new-yorkaise chargée de l'organisation de la tournée, à établir son itinéraire. Là également, rien n'a été laissé au hasard. «Esprit de Fès» sillonnera plusieurs états américains et traversera une vingtaine de villes dont de nombreuses grandes agglomérations, comme Washington, Los Angeles, Boston ou Atlanta, en plus de petites villes qui représentent ce qu'on appelle l'Amérique profonde avant de se clôturer au Texas. «Esprit de Fès» est-elle une tournée qui restera à 100 % américaine ? Il est vrai que la première édition d'«Esprit de Fès» a choisi les Etats-Unis en raison de la sensibilité des Américains à la pluralité des cultures. Mais elle n'en demeure pas moins une manifestation ouverte sur plusieurs autres horizons. Nous sommes également très présents en Europe à travers de nombreuses manifestations. D'ailleurs, «Esprit de Fès» aura lieu en 2005 en Europe. Avant même les événements tragiques qu'a connus Madrid en fin de semaine dernière, nous avions programmé une tournée dans différentes villes espagnoles, dont la capitale bien évidemment. Il y a eu également des expressions d'intérêt de la part d'organismes culturels en Asie, au Japon et à Hong Kong et en Corée du Sud en l'occurrence. Des propositions que nous sommes en phase de discuter. Nous ne pouvons répondre par l'affirmative pour le moment car si nous possédons le «know how», le financement nous fait encore défaut. C'est qu'il ne faut pas oublier qu'une opération de l'envergure d' «Esprit de Fès» nécessite un grand budget, qui est, pour la tournée américaine, de l'ordre de 1.200.000 dirhams. Une somme, il est vrai, que nous n'avons pas eu à débourser en totalité, vu la participation de nos partenaires américains et marocains.