72% de Marocains ignorent qu'ils sont porteurs du sida et 6.500 sont sous traitement antirétroviral (ARV) après avoir atteint 4.047 en 2011, soit une augmentation de 60%. Ces résultats, qui demeurent, quand même, minimes, ont été annoncés, lundi à Rabat, lors du lancement de la stratégie nationale sur les droits humains et VIH/sida. Comme son nom l'indique, ce programme qui fait partie du plan stratégique national de lutte contre le sida, déjà mis en place en 2012 pour s'étaler jusqu'en 2016, est marqué par l'ajout de la dimension juridique et humaine que fait valoir le CNDH en vertu d'un partenariat signé le même jour avec le ministère de la santé et le programme Onusida au Maroc. Pour le président du Conseil, Driss El Yazami, qui s'est félicité de ce partenariat, «le Maroc est considéré comme le seul pays dans la région MENA à élaborer une telle stratégie avec une approche de droit». La collaboration entre le CNDH et le ministère de tutelle en la matière remonte à 2011, année lors de laquelle ledit Conseil a été créé dans sa nouvelle configuration. Le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, ne pouvait que se féliciter, à son tour, de cette initiative en indiquant : «La stratégie spécifique aux droits humains liés au VIH/sida est venue répondre au besoin pressant de disposer d'un cadre de travail intersectoriel et cohérent, visant à faciliter la lutte contre une épidémie dont les conditions sociales, légales et économiques prévalent et jouent un rôle déterminant dans sa dissémination». La dimension de droits humains a également été avancée par le délégué ministériel des droits de l'Homme, qui a mis l'accent sur la nécessité de dispenser des données statistiques exactes concernant les personnes porteuses du syndrome du VIH/sida. Mahjoub El Hiba, qui a, tout comme M. El Yazami, plaidé en faveur d'une protection juridique de ces personnes, voire des accros à la drogue, a également appelé à dispenser une formation au profit de représentants des médias pour contribuer à la promotion d'«une culture de la dignité humaine et le droit de la personne à la santé quel que soit son état». D'où le thème : «Vivre dignement sans stigmatisation ni discrimination» choisi pour cette journée de lancement. Encore faut-il qu'un travail soit fait sur les mentalités dans la société marocaine! L'approche de droits humains est aperçue d'un bon œil par le programme Onusida au Maroc. «Ce partenariat tombe à point nommé puisqu'un an et demi nous sépare de l'échéance des objectifs du millénaire pour le développement qui prévoient entre autres la riposte au sida», a déclaré Kamal El Alami, directeur dudit programme. Il a aussi rappelé les derniers progrès réalisés par le Maroc quant à cette riposte telle qu'elle a été détaillée dans le dernier rapport élaboré par le ministère de la santé en mars 2014. Ceci étant, le plan stratégique national de lutte contre le sida 2012-2016 prévoit de réduire le nombre de personnes atteintes de sida à 50 et à 60% de décès occasionnés par ce syndrome. Il prévoit, en outre, de réaliser 3 millions de dépistage, couvrir 4.000 consommateurs de drogues, atteindre 80% de femmes enceintes porteuses du sida et prendre en charge 12.000 personnes entre autres. Dans le cadre de cette stratégie, le Maroc a parallèlement veillé à adopter la vision de l'Onusida «Zéro nouvelles infections, Zéro décès et discrimination liés au sida». L'objectif de ce plan national conjugué aux droits humains étant, entre autres, de renforcer le rôle des ONG en matière de promotion et de défense des droits humains en lien avec le VIH /sida. Aussi, les activités réalisées dans le cadre de ce plan et leur déclinaison intègrent l'approche basée sur les droits humains et l'approche genre. Louardi veut atteindre 1 million de tests VIH en 2016 Le Maroc a réalisé des progrès importants dans la lutte contre le VIH. Ces efforts ont été perceptibles à travers le nombre croissant de tests réalisés. En 2012, 222.620 tests ont été réalisés et 583.440 en 2013 contre seulement 60.000 tests en 2011. Le dépistage a été mis en place dans 385 établissements de soins de santé de base (ESSB), 52 Centres de diagnostic de la tuberculose et des maladies respiratoires (CDTMR) sur 55 au total, 34 maisons d'accouchement et 10 maternités hospitalières. Au-delà de l'amélioration de l'offre de dépistage, le ministère de la santé cherche l'instauration d'une dynamique de mobilisation sociale et communautaire pour la promotion de la connaissance du statut sérologique. La vision définie est d'atteindre 1 million de tests en 2016, tout en ciblant les populations les plus exposées ou vulnérables. Il faut rappeler que le ministère de tutelle a élaboré un Plan national d'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant 2012-2016. Celui-ci prévoit l'extension du conseil et test VIH dans les consultations prénatales et la création de pôles fonctionnels de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant (pTME) (Centres de santé, hôpital, maternités, services de pédiatrie et ONG). Détails sur la nouvelle stratégie anti-VIH du Maroc La lutte contre la stigmatisation et discrimination vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH et des populations les plus exposées figure parmi les axes fondamentaux de la riposte mondiale au sida. Pour le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, le non-respect des droits de l'Homme contribue à répandre la maladie et à en exacerber l'incidence, dans le même temps que le VIH/sida handicape les progrès réalisés dans la mise en œuvre des droits de l'Homme. «Ce lien apparaît nettement lorsqu'on considère l'incidence disproportionnée de la maladie sur certains groupes, notamment les femmes, les enfants et les populations clés plus exposées aux risques d'infection», a indiqué le ministre. D'où la nécessité d'une stratégie spécifique aux droits humains liés au VIH/sida pour faciliter la lutte contre le VIH. Le Plan stratégique national de lutte contre le sida 2012-2016, qui a adopté la vision «Zéro nouvelles infections, zéro décès et discrimination liés au sida», vise à concrétiser l'accès universel à des services de prévention, de traitement, de prise en charge et d'appui en matière de VIH. Rappelons que cette vision a trois objectifs précis : éliminer la stigmatisation et la discrimination, éliminer les restrictions en matière de déplacement des personnes vivant avec le VIH et les inégalités entre les sexes.