L'enquête sur les attentats de Madrid se poursuit lentement mais sûrement. De fortes présomptions pèsent sur six ressortissants marocains dont trois furent interpellés dans les jours qui suivirent l'attaque terroriste. Connu des services espagnols et marocains, le suspect principal a pour nom Jamal Zougam. L'enquête sur les attentats de Madrid se poursuit lentement mais sûrement. De fortes présomptions pèsent sur six ressortissants marocains dont trois furent interpellés dans les jours qui suivirent l'attaque terroriste. Connu des services espagnols et marocains, le suspect principal a pour nom Jamal Zougam. Celui-ci aurait été perçu par des survivants à ce drame dans l'un des trains qui ont été détruits par les charges explosives. Il aurait entretenu des liens avec des personnes impliquées dans les attentats de Casablanca et rencontré le gourou de la Salafia Jihadia de Tanger Mohamed Fizazi qui a écopé de 30 ans de prison dans le cadre des procès intentés à cette nébuleuse terroriste. Tanger. Toutes les pistes mènent pour le moment à la ville du Détroit d'où sont issus Zougam et ses deux compatriotes. Par ailleurs, les enquêteurs espagnols sont à la recherche d'une vingtaine de suspects dont l'identité n'a pas été révélée. Une semaine après la tragédie madrilène, force est de constater que beaucoup de zones d'ombre entourent encore cette affaire sur fond de versions contradictoires les unes que les autres. Ce qui est sûr c'est que les attentats de Madrid furent exécutés par des poseurs de bombes et non par des kamikazes comme c'était le cas pour le carnage de Casablanca. Même si la thèse actuellement retenue trouve des connexions aux deux actes terroristes, le modus operandi n'est pas le même pour l'un et l'autre. Dans les événements de Casablanca, les assassins sont des bombes humaines qui se sont tuées en tuant, tandis que dans ceux de Madrid, les criminels ont choisi de donner la mort sans mourir. Deux démarches complètement différentes. S'agit-il d'un changement de stratégie des commanditaires de ces deux barbaries, à supposer qu'ils sont les mêmes dans l'une et l'autre situation ? Faut-il expliquer cette différence par des considérations techniques : faute de mécanisme sophistiqué de mise à feu, les assassins de Casablanca devaient se faire exploser avec leurs bombes, tandis que les criminels de Madrid, disposant d'un système de mise à feu à distance, pouvaient sauvegarder leur vie en tuant les autres. Et puis, il y a le choix du timing. Le 11 mars. Il est loin d'être fortuit. Preuve, la tuerie de Madrid a fait une autre grande victime, José Maria Aznar et son parti. En tout cas, les réseaux islamistes d'Oussama Ben Laden ou les groupuscules se réclamant de lui ont construit jusqu'ici (dans les attentats de New York et de Casablanca) leur idéologie meurtrière sur le principe du Djihad qui privilégie et sacralise le martyr des kamikazes. Un acte dangereux qui nécessite de longues années d'embrigadement pour préparer le sujet à se sacrifier pour “la cause“. Les réseaux terroristes fonctionnent comme les services secrets utilisant des techniques de cloisonnement et autres procédés de telle sorte que l'exécutant d'un attentat ne connaisse jamais le véritable commanditaire. D'où des risques majeurs de manipulation. Assistés par leurs homologues marocains, les enquêteurs espagnols ont fort à faire pour démêler l'écheveau très complexe des attaques sauvages de Madrid. L'interrogatoire de Jamal Zougam et des autres suspects permettra-t-il d'aller au-delà des poseurs de bombes ?