Bientôt, il en coûtera aux automobilistes 150 dirhams de pénalité s'ils vont chez leur fournisseur faire acquisition d'une nouvelle batterie sans leur avoir au préalable rapporté l'usagée. Cela, c'est la convention conclue vendredi à Rabat entre le ministère délégué à l'environnement, celui de l'industrie et la fédération des fabricants de batteries qui le stipule. Pourquoi ? Pour booster la collecte organisée des générateurs automobiles hors d'usage, afin de les recycler proprement après extraction de leur plomb. Ce métal vaut aujourd'hui son pesant d'or et le Maroc en importe. A cela s'ajoute le fait que la batterie est un déchet particulièrement dangereux pour la santé publique et pour l'environnement. Pourtant, curieusement, c'est grâce à un lapsus de l'ordonnateur de la cérémonie de signature qu'on en sait un peu plus sur le projet. Dans sa hâte d'annoncer la nouvelle de la conclusion de l'accord sur les batteries vétustes, il a en effet parlé d'huiles usées. La salle croulant sous les rires, il a tenté de se rattraper en expliquant qu'il a confondu les échéances et que les huiles, c'est l'étape qui suit celle des batteries. En fait d'étapes, il y en aura plusieurs et, après les huiles, sont prévues celle des pneus, des carcasses, des boîtes de vitesses, des filtres…. En fait, tous ces rebuts qui mettent longtemps à disparaître, en tout cas qui ne le font qu'après avoir causé des dégâts au cadre de vie. En évoquant les enjeux de la convention, la ministre déléguée à l'environnement les a résumés ainsi : entreprendre tout ce qui réalise le développement sans rien aliéner de la protection de l'environnement. De ce développement durable, elle espère de grands gains sur le plan de la création des richesses, de l'extension de l'offre d'emploi et aussi, de la sauvegarde du cadre naturel. En fait, a-t-elle tenu à préciser, le Maroc table sur un partenariat entre le secteur public et des entreprises citoyennes (PPP) afin de réaliser une croissance verte qui préserve la santé de ses habitants et celle de son environnement. Premier acte thérapeutique : veiller au grain en ce qui concerne l'effarante quantité de rebuts lâchés dans la nature chaque année. Hakima El Hiti a été formelle: bon an, mal an ce sont 250.000 tonnes de déchets qui sont rejetés par les habitants. Sur ce total, il y a 10.000 tonnes de batteries usées, soit 650.000 unités. A l'heure actuelle, ces batteries sont pour l'essentiel collectées par l'informel. Conséquence d'après la ministre et ses partenaires : un manque à gagner de 52 millions de dirhams, puisque l'opération ne rapporterait que 27 millions de dirhams au secteur dit non organisé. Il faut donc repenser la collecte, notamment en prévision du but ultime d'intégrer l'informel dans le domaine organisé. Déterminante, l'affaire du recyclage des batteries revêt aussi un caractère d'urgence qui a été relevé par tous. Actuellement 1,5 million d'unités sont produites chaque année. Sachant que le parc automobile est de 3 millions de véhicules environ, cela donne un générateur pour deux véhicules, ce qui fait un renouvellement virtuel tous les deux ans. Pour le moment, c'est une bonne moyenne. Mais, le boom des voitures aidant, il n'est pas sûr que ce fragile équilibre perdure encore longtemps. C'est même le contraire qui risque de se passer. Les chaînes de montage de voitures de l'usine de Tanger tournant à plein, les fabricants de batteries avancent leurs pions : ce qui les anime, disent-ils, c'est la volonté d'éviter au pays des importations onéreuses de plomb. Car, la production des trois grands fabricants marocains de batteries ne satisfait que les 2/3 des besoins. Le tiers est importé – de Tunisie notamment, ce pays ayant une longueur d'avance sur le reste des autres dans la région. Outre le bénéfice économique et humain, le rendu écologique n'est pas moins important. Et pas seulement pour les générations actuelles, pour celles qui lèvent aussi. Pour convaincre de leur engagement écologique, les fabricants promettent d'acheter la batterie usée à 22 dirhams aux collecteurs et, à chaque fois, d'en verser 30 au fonds pour la protection de l'environnement.