Le Motilium, un médicament censé soulager les nausées et les vomissements chez l'enfant et l'adulte, crée la polémique en France. Au Maroc, c'est le mutisme total. Il y a encore quelques jours, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a lancé une mise en garde sur l'utilisation des médicaments à base de dompéridone dont fait partie le Motilium. En mars prochain, l'ANSM devra se prononcer sur la dompéridone. En attendant les résultats de la réévaluation bénéfice-risque européenne, l'ANSM recommande de «respecter strictement les indications et de prendre en compte le risque cardiaque», en particulier chez certains patients prédisposés, et de prescrire sur la durée «la plus courte (usuellement 7 jours maximum)» et à «la dose la plus faible possible, sans dépasser 30 mg/jour chez l'adulte». «Le risque peut être plus élevé chez les patients âgés de plus de 60 ans ou chez ceux traités par des doses quotidiennes supérieures à 30 mg», ajoute-t-elle. Selon la revue médicale «Prescrire», ces médicaments anti-nausées et vomissements seraient responsables de 25 à 120 morts subites en 2012 en France. Ceux-ci sont jugés dangereux dans la mesure où ils augmentent le risque de troubles cardiaques et de mort subite. «La dompéridone (contenue dans le médicament Motilium et ses génériques) est un neuroleptique qui a une efficacité modeste contre les nausées-vomissements banals mais augmente le risque de troubles du rythme cardiaque et de morts subites», indique la revue. Les médecins de la revue médicale ont ainsi demandé aux autorités sanitaires européennes et françaises de les retirer du marché. Malgré tout le tapage médiatique qu'il y a eu autour de ces médicaments, les autorités sanitaires marocaines ont préféré ne pas réagir. Contacté par nos soins, le responsable de la direction des médicaments au ministère de la santé est resté injoignable. Toujours est-il que le Motilium est un médicament très utilisé au Maroc. En France, environ 3 millions d'adultes auraient reçu une ordonnance comportant de la dompéridone en 2012. Rappelons que depuis 2005, plusieurs études épidémiologiques ont montré que les morts subites cardiaques sont environ 1,6 à 3,7 fois plus fréquentes en cas d'exposition à la dompéridone. En 2011, l'Agence française du médicament a écrit aux professionnels afin de les informer et les sensibiliser sur des risques cardiaques rares mais potentiellement sévères (torsades de pointe). L'ANSM avait également mis en garde contre l'usage non autorisé du Motilium pour favoriser l'allaitement.