Le propre d'un homme politique, digne de ce nom, est d'être à la hauteur de la responsabilité qui est la sienne quelles que soient les contingences médiatiques qui entourent son action et la manière dont elle est perçue par les médias. Le propre d'un homme politique, digne de ce nom, est d'être à la hauteur de la responsabilité qui est la sienne quelles que soient les contingences médiatiques qui entourent son action et la manière dont elle est perçue par les médias. Supposé être un homme de convictions, de valeurs et d'engagement, rien ne pourrait le détourner, et surtout pas les contraintes “heureuses” de la liberté d'expression, du cap qu'il s'est donné au service de l'action publique. Certes, on ne gouverne pas un pays par voie de presse. De même, un responsable qui assume une charge au service du gouvernement n'indexe pas, non plus, son action sur son image médiatique et les fluctuations qu'elle peut avoir quand une presse est libre dans un pays libre. Mais le plus intrigant dans ce pays qui est le nôtre, c'est quand la démocratie sort des sentiers battus, des incantations et des vœux pieux et qu'elle prend forme réellement à la faveur d'une actualité qui n'est pas consensuelle, les premiers à la combattre - sans doute une question de sang-froid - ce sont ceux-là mêmes qui ont fait de son commerce un fonds personnel. La liberté de la presse, par son droit à la critique, est constitutive de la démocratie. Les hommes politiques, notamment au gouvernement, s'accommodant mal d'un « mal nécessaire » dépensent, dans le dessein de la contrôler, une énergie plus importante que celle qu'ils développent pour trouver des solutions aux problèmes du pays. Là n'est pas le paradoxe d'une transition vers la démocratie, ce sont plutôt les stigmates d'une pensée politique encore rudimentaire. Qu'un ministre soit critiqué par la presse, c'est dans la nature de la mission qui lui a été confiée. Qu'il réagisse à travers le quotidien de son parti par des propos diffamatoirs, injurieux et indignes contre des journalistes marocains est plus qu'une erreur politique, c'est une faute grave quand on est membre d'un gouvernement. Qu'il enrôle le Bureau politique de son parti - un parti qui a sa propre Histoire et sa propre légitimité - dans une affaire «médiatique» personnelle nous informe autant sur l'idée, certainement pas très haute, qu'il a de la presse marocaine que sur la manière dont il entend assumer sa responsabilité ministérielle. Toutes les manœuvres pour faire passer l'agresseur pour un agressé sont vaines et dérisoires. Le révisionnisme fait peu de cas de la chronologie des faits et de leurs enchaînements. C'est connu. Il les plie à ses conditions pour refaire l'Histoire. Mais, malheureusement, les faits sont, toujours, têtus. Maintenant, Aujourd'hui Le Maroc est un quotidien marocain, privé et autonome. Il est au service de ses lecteurs et il n'a pas besoin d'un Bureau politique pour faire vivre la ligne éditoriale qu'il a choisie avec honneur et détermination et qu'il assume avec dignité et courage, même quand l'adversité prend, parfois, des formes organisées. Si sur la base d'un schéma qui est inhérent à une culture politique archaïque, on cherche à le faire taire par l'intimidation, à ébranler sa conviction par le chantage ou à le domestiquer en lui prêtant des maîtres supposés, c'est se tromper sur toute la ligne. Le projet «démocratique moderniste» au service duquel certains prétendent agir, désormais à contresens, ne prévoit pas, Dieu soit loué pour Ses bienfaits et Sa mansuétude, ce genre de rapport à la presse, à l'évolution de ce pays et à l'émancipation de ses citoyens. C'est notre conviction.