Le système financier marocain n'est pas aussi fragile que l'ont laissé croire certains analystes. Il est vrai que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont relevé beaucoup d'irrégularités dans un secteur très éparpillé. Mais les rapports de ces deux institutions qui datent de 2002 et 2003 taxent beaucoup plus les établissements étatiques que le secteur bancaire proprement dit. Le système financier marocain n'est pas aussi fragile que l'ont laissé croire certains analystes. Il est vrai que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont relevé beaucoup d'irrégularités dans un secteur très éparpillé. Mais les rapports de ces deux institutions qui datent de 2002 et 2003 taxent beaucoup plus les établissements étatiques que le secteur bancaire proprement dit. L'allusion est faite bien évidemment aux scandales qui ont altéré la crédibilité des deux banques publiques en l'occurrence le CIH et la CNCA. L'onde de choc d'une gestion désastreuse, de la corruption et du clientélisme a fini par conséquent d'éclabousser tout le système financier marocain. Mais ce dernier reste dans sa globalité notamment en ce qui concerne les banques très prêtes des normes en vigueur. Ce qui a plutôt irrité les deux instances financières internationales, c'est la manière avec laquelle l'Etat a renfloué les caisses des deux banques en faillite. Elles lui reprochent notamment le recours aux établissements publics plutôt qu'un apport budgétaire de l'Etat pour combler le trou de la dilapidation. Ce faisant l'implication des autres banques contamine tout le système financier national handicapé par une politique globale. Une politique qui englobe les circuits bancaires, les sociétés de crédit et les établissements étatiques. C'est pour cela que la loi sur la réforme bancaire est attendue impatiemment pour remettre de l'ordre dans un secteur vital pour l'économie nationale. D'autant plus que le système financier se distingue par la multiplicité des opérateurs dans ce domaine ne répondant à aucun critère de la loi de l'offre et de la demande. D'où la fragilisation de plusieurs sociétés financières qui sont acculées à outrepasser les règles prudentielles et comptables. Les créances en souffrance ont atteint des ratios et des taux alarmants qui s'étalent de 17,8% à 43 % quand on prend en considération la faiblesse de gestion des risques des crédits spécialisés. Depuis, beaucoup d'efforts ont été déployées pour pallier ces insuffisances par des réajustements radicaux ou par le truchement des regroupements bancaires ou autres. La BCM qui a absorbé Wafabank avait provisionné les créances douteuses en 2002 à hauteur de 70 % pour parer à toute éventualité. Une approche qui avait étonné plusieurs financiers à l'époque puisque cette opération avait réduit le bénéfice de la banque au portion congrue. On sait aujourd'hui que cette stratégie de la nouvelle direction lui a permis de consolider son actif et de retrouver un bénéfice assez consistant en 2003. Autant dire que les créances douteuses n'étaient pas aussi irrécupérables qu'on l'imaginait et qu'il faut un peu d'imagination et de contrôle strict pour retrouver les normes. Il faut aussi que nos banquiers fassent preuve de plus courage face aux risques qu'ils encourent dans des secteurs de plus en plus touchés par des crises conjoncturelles. La prudence est conseillée, mais le désengagement total de plusieurs secteurs est aussi dangereux pour le bon fonctionnement d'une banque.