Coup dur pour le chef de gouvernement. Abdelilah Benkirane s'est retrouvé hier devant des sièges vides des syndicats. En effet, l'Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), la Fédération démocratique du travail (FDT) et l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) ont toutes décidé de boycotter la réunion consultative sur la réforme des systèmes de retraite prévue hier, mercredi, dans les bureaux du chef de gouvernement. Ce boycott intervient à un moment où l'Exécutif s'apprête à lancer en 2014 une réforme paramétrique avec à la clé une élévation de l'âge du départ à la retraite, une hausse des cotisations et une révision des pensions. Si la FDT et la CDT déclinent l'invitation du chef de gouvernement parce qu'elles estiment que la problématique des retraites doit être résolue dans le cadre de négociations triparties plus globales, l'UMT refuse, quant à elle, l'approche gouvernementale pour le dialogue social. Dans un communiqué, le secrétariat national de l'UMT a brandi de nouveau ses conditions, dévoilées déjà lors d'une réunion avec le chef de gouvernement le 25 octobre dernier. «Les conditions de succès de tout dialogue exigent, entre autres, la garantie et la protection des libertés syndicales, l'annulation de l'article 288 du code pénal, la fin des licenciements abusifs des responsables syndicaux, la réintégration des licenciés, la mise en œuvre du code du travail et des engagements de l'accord du 26 avril 2011, l'augmentation des salaires, l'application de l'échelle mobile, la réforme des systèmes de retraite et l'organisation d'un colloque national sur la Caisse de compensation», rappelle le communiqué. Les responsables de la centrale syndicale se disent complètement surpris par la décision «unilatérale» de la tenue de cette réunion consultative et l'invitation à la dernière minute de leur syndicat. Réuni mardi dernier à Casablanca, le secrétariat général de l'UMT a conclu «avec une grande déception l'absence de volonté politique du gouvernement» auquel il endosse la responsabilité «du refus d'engager un dialogue social et une réelle négociation collective pour satisfaire les besoins et aspirations de la classe ouvrière». De son côté, Kafi Cherrat, coordinateur général de l'UGTM, estime que les syndicats doivent être sérieusement impliqués dans la réforme. «Les syndicats ne sont pas là uniquement pour apposer leur visa sur les décisions du gouvernement. Ce dernier doit considérer les centrales syndicales comme des partenaires à part entière dans la réforme des retraites», dit-il. Ce nouveau boycott n'arrange en rien la situation actuelle du gouvernement accusé par la majorité des centrales syndicales de geler le dialogue social et d'adopter une approche unilatérale dans le traitement des grands dossiers. Le chantier de réforme des retraites devient ainsi plus compliqué pour l'Exécutif qui se trouve dos au mur en quelque sorte. Le gouvernement sera, en effet, contraint de lancer la réforme en 2014 pour sauver la CMR (Caisse marocaine de retraite) qui se trouve au bord du gouffre. La situation est d'autant plus compliquée que la réforme va se traduire pas des décisions douloureuses qui risquent d'être rejetées par les syndicats les plus représentatifs du pays.