Malika Malak, présentatrice de télévision, se félicite des avancées qui ont été réalisées dans le domaine de l'égalité des sexes au Maroc et revient sur le différend qui l'oppose à la direction de la chaîne 2M. Entretien. Aujourd'hui Le Maroc : Quel bilan faites-vous de la situation de la femme au Maroc? Malika Malak : C'est un bilan positif à tous les niveaux. Durant ces dernières années, la femme marocaine n'a cessé de montrer ses capacités aussi bien politiques qu'intellectuelles et a réussi à occuper des postes de responsabilité dans les hautes sphères. Toutes les femmes rêvent de construire un Maroc démocratique où tous les êtres humains sont sur le même pied d'égalité et bénéficient des mêmes droits et sont soumis aux mêmes obligations. Ceci ne peut arriver sans un vrai militantisme dans lequel les Marocaines sont plus que jamais engagées. Mais ce n'est pas fini. Nous ne sommes qu'au tout début de ce combat démocratique. Les mentalités traditionalistes sévissent encore dans notre société. C'est pour cela que les femmes marocaines ne doivent pas baisser les bras. Ce qui s'est réalisé n'est que le premier pas d'une grande marche. C'est dans cette optique que s'inscrit le nouveau code de la famille ? Comme je l'ai souvent signalé, ce nouveau code de la famille est l'équivalent d'une révolution culturelle dans la société marocaine. Mais ses clauses et lois, aussi révolutionnaires qu'elles puissent être, ne peuvent avoir un impact réel et faire changer la situation actuelle que si elles sont appliquées correctement. Maintenant que l'arsenal juridique existe, il faudrait que les mentalités suivent. Qu'en est-il de la présence des femmes dans les entreprises de presse au Maroc ? La présence de la femme journaliste dans les différents organes de presse n'est pas représentative de l'évolution de la situation de la femme dans notre pays. C'est justement ce qui est paradoxal. Dans certains secteurs comme celui des médias, l'intervention des femmes demeure minime par rapport aux capacités des femmes journalistes marocaines. Il ne faut pas oublier que nous vivons dans une société où prédomine une pensée machiste. Et ça se reflète grandement dans l'audiovisuel marocain. La femme dans nos deux chaînes de télévision par exemple est présente en tant que chiffre que les responsables font ressortir pour soigner leur image de marque. A part cela, la femme n'est pas impliquée dans l'élaboration de stratégies d'information au sein de chaque rédaction en particulier, ou de stratégies de développement de ces deux chaînes en général. La stratégie des médias est encore sous l'emprise de l'image de l'homme. Où en êtes-vous dans le différend qui vous oppose à la direction de la deuxième chaîne de télévision après le remplacement de votre émission «Fil Wajiha»? Mon émission n'a pas été remplacée mais arrêtée abusivement par la direction de la chaîne. Cela fait plus de quatre semaines que «Fil Wajiha» est absente de la grille de programmation de la deuxième chaîne et je n'ai toujours pas reçu d'explications valables de la part de la direction de cette chaîne. A présent, j'ai porté l'affaire devant le ministre de la Communication que j'ai rencontré à la fin de la semaine dernière et qui a envoyé un écrit aux responsables de 2M leur demandant des éclaircissements. En plus, la semaine prochaine, une réunion est prévue entre ces derniers et le Syndicat national de presse marocaine (SNPM) à ce même sujet. Pour ma part, je préfère laisser du temps au temps comme on dit et garder toute ma sérénité pour faire face à cette situation.