Au-delà de la polémique autour du super sans plomb, la démarche de lobbying adoptée par le raffineur national, Samir, est étonnante à plus d'un titre. Afin de mieux masquer le retard pris dans son programme d'investissement, le raffineur fait du lobbying pour le rétablissement des droits de douane. L'intérêt du pays est assurément ailleurs. Détails Les méthodes d'action de la technostructure sont désormais bien connues. Si son approche permet de trancher dans les différents dossiers, elle n'en privilégie pas moins le court terme aux dépens du long terme. Ainsi, le tactique cède le pas au stratégique. À l'échelle d'un pays, cela peut s'avérer dangereux, voire préjudiciable. Le secteur des hydrocarbures en est, malheureusement, l'incarnation manifeste. Au-delà de la polémique autour du super sans plomb, la démarche de lobbying adoptée par le raffineur national Samir est étonnante à plus d'un titre. De la bouche d'un analyste de la place, la Samir veut refermer intégralement le marché sans avoir à réaliser son plan d'investissement. «C'est étonnant que Abderrahmane Saâdi critique le cracking alors que c'est l'investissement qu'il prône. Pis, il estime que ce n'est plus à la Samir de se mettre aux normes mais aux Européens de le faire. C'est vraiment le monde», estime-t-il. Concrètement, le débat sur le super sans plomb n'est que la brèche ouverte par le raffineur pour relancer la discussion et appuyer son lobbying. Les produits importés actuellement sont assurément de très bonne qualité et très appréciés des consommateurs, «au moins deux fois meilleures que les produits locaux», renchérit un consommateur. D'ailleurs, les experts du ministère de l'Energie évaluent et certifient les produits à la réception des bateaux. Ils doivent répondre aux normes, sinon, ils ne sont pas débarqués. Les importations faites, il y a plusieurs mois, sont très appréciées par les consommateurs. «En réalité, ce sont les méthodes de production actuelles de la Samir et la non-réalisation de son programme d'investissement qui font que la qualité des produits soit catastrophique», tient à préciser un distributeur. Les conditions de production conduisent le raffineur à procéder à des mélanges. «En plus, le super sans plomb est commercialisé par le raffineur», ajout-t-il. Toutefois, derrière cette polémique, se cache un débat de fond. Le rouleau compresseur du raffineur est bien en marche. De source sûre, le raffineur national œuvre activement pour le rétablissement des droits de douane. Le terrain est en train d'être balisé pour que le Premier ministre, qui a reçu le staff de la Samir, tranche. «Aujourd'hui, le ministre Mossadaq a provoqué une commission interministérielle pour étudier le rétablissement des droits de douane pour laquelle, il a donné des directives contraires», explique un distributeur qui n'a pas manqué de rappeler que son représentant au sein de la commission l'a clairement notifié. Au moment où le déficit de la production est bien réel, il est étonnant d'assister à cette volonté manifeste de protéger l'opérateur national, par des politiques totalement acquises aux thèses libérales ! alors que les engagements de fond ne sont toujours pas honorés. La délocalisation de Mohammedia n'a toujours pas de calendrier. Les investissements annoncés ne sont pas encore lancés surtout depuis l'incendie. La vulnérabilité de l'approvisionnement a éclaté depuis au grand jour. Mais les distributeurs n'ont pas l'intention de se laisser faire. Alors qu'ils ont réalisé des investissements et veulent garder leur dépôt d'importation actif ouvert sur le marché, de manière à pouvoir réagir en cas de crise, les manœuvres actuelles les visent au premier plan. Il est sûr que la solution optimale pour le pays réside dans une diversification contrôlée, sous l'égide du ministère de tutelle. Ainsi, le raffineur pourra écouler sa production et les distributeurs assureront le déficit. À bon entendeur, salut !