L'expression «réunion dans un contexte particulier», souvent - et parfois abusivement- citée pour situer les événements et dire l'importance de leurs enjeux, est allée comme un gant au grand conclave des ambassadeurs du Maroc dans le monde qui s'est tenu vendredi à Rabat. Les diplomates marocains, comme nombre de leurs homologues en poste dans la capitale qui ont assisté à sa séance inaugurale, ont en effet dit leur sentiment que l'organisation des Assises de cette nouvelle réunion dans les circonstances mondiales et régionales actuelles revêt une importance particulière. Selon eux, jamais conclave n'aura engagé autant d'enjeux déterminants dans un contexte international aussi incertain et tourmenté. Car, à la crise économique mondiale qui fait peser de lourdes incertitudes sur la stabilité internationale se sont ajoutés, dans certains pays, des troubles qui menacent l'avenir de nombreuses régions. Particulière par effet de contexte, la réunion a également été marquée par la nouvelle feuille de route tracée par SM le Roi à la diplomatie marocaine. Dans un message lu par Saad-Eddine El Othmani, ministre des affaires étrangères et de la coopération, SM Mohammed VI a en effet appelé à une refonte des objectifs et des outils de la diplomatie nationale afin qu'elle soit plus conforme au nouveau statut international du Royaume. De fait, le message royal invite la diplomatie à se mettre au service du rayonnement du pays à l'international et lui fixe comme objectif prioritaire de travailler à propager la connaissance de ses acquis économiques, politiques, démocratiques et sociaux. Il a également donné ses lettres de noblesse à la «diplomatie parallèle» en reconnaissant au Parlement, aux ONG et aux acteurs de la société civile un rôle de soutien à l'action diplomatique classique pour défendre la cause nationale et faire prévaloir le point de vue du Maroc dans le concert des nations. Trois grands objectifs sont fixés à cette nouvelle diplomatie. Le 1er est la défense de la cause de l'intégrité territoriale. Mais, un plaidoyer rénové puisqu'il s'agit «d'exploiter au mieux les développements positifs qu'a connus la question du Sahara marocain, surtout après la reprise par notre pays qui a fait preuve de plus d'efficacité dans le traitement de cette question déterminante, grâce à Notre initiative audacieuse accordant l'autonomie à nos provinces du Sud, initiative qui a bénéficié d'un soutien constant et croissant», souligne le message royal. Autre sillon à creuser : la promotion du label Maroc. Pour ce faire, le Maroc «doit donner la priorité à une diplomatie économique audacieuse, capable de mobiliser les énergies pour développer les partenariats, attirer les investissements, promouvoir l'attractivité du pays, conquérir de nouvelles positions et intensifier les échanges extérieurs». Pour être hautement efficace, cette diplomatie économique doit être enrichie et soutenue par une diplomatie culturelle qui montre la personnalité du Maroc et sa nature tolérante et pluriculturelle à travers la mise en place de «maisons du Maroc», l'organisation de manifestations artistiques diverses et la multiplication des échanges avec le reste du monde. Ce même reste du monde dont les orientations royales invitent la diplomatie à cultiver l'amitié et à susciter les meilleures relations en agissant dans deux directions complémentaires : conforter et diversifier les liens du Maroc avec ses partenaires traditionnels et en même temps s'ouvrir sur de nouveaux pays et de nouvelles régions dans le monde. En fait, le message enjoint aux diplomates de placer le reste des pays africains au centre de leur action, car l'Afrique constitue les racines de l'arbre marocain et la trame de sa personnalité. Le message invite également à renforcer la coopération avec l'Europe et les Etats-Unis et à s'ouvrir sur les pays émergents. Il préconise également de ne pas se laisser décourager par les obstacles mis à la construction maghrébine et de travailler à l'avènement de cette union en tissant les liens les plus variés et les plus solides avec les pays de la région.